Titre: Minuit pour Adam Suite de: Minuit moins une Auteur: Fan Email: fannycouturierAfree.fr Distribution: demandez-moi! Disclaimer: Les personnages de Methos, Darius, MacLeod, Joe, les Cavaliers de l'Apocalypse et les Guetteurs appartiennent à Rysher: Panzer-Davies, ainsi que les évènements de Minuit moins une. Résumé: Methos a quitté Paris, et ainsi MacLeod, Joe et son emploi de chercheur chez les Guetteurs après les évènements survenus lors de Minuit moins une. Il est temps pour lui de se remettre en question. Chroniques de Methos Comme je l'ai dit à Joe Dawson, je ne sais plus qui est Methos. Je ne peux que me souvenir de l'homme que j'étais il y a plusieurs siècles. Mais qui suis-je désormais? j'étais arrivé à un certain équilibre aux côtés de Darius. Son amitié m'apaisait. Mais elle ne se termina que par une intense souffrance. Pourquoi prendrais-je de plus grands risques encore avec MacLeod? Il me fallait prendre du recul par rapport aux derniers évènements; c'est pourquoi je suis parti. Sans rien dire, comme d'habitude. Il me faut arrêter de tant fuire. j'ai vendu un des miens pour MacLeod. Pour nous, pour moi. Je l'ai sauvé. Mais c'était son ami que j'ai vendu. Il ne comprendra jamais mon pragmatisme. Je ne suis plus sûr d'y arriver moi-même. Je l'ai trahi. Il avait raison de m'obliger à faire face à ce choix: je ne puis être un Immortel et un Guetteur. Il me faut désormais choisir entre Methos et Adam. Leur lutte doit cesser. Elle dure depuis bien trop longtemps. Depuis... elle. Gaule, 357 av.JC Il ne comprenait pas sa chance. Après les atrocités qu'il avait commises, accompagné de ses soi-disants frères, Methos ne la méritait pas. Elle était si belle. Seul, sous leur toit, il l'attendait. Il se rappelait le son de son rire, ses cheveux roux tombant en boucles si désordonnées, l'odeur enchanteresse de sa peau. Il en vint à se rappeler leur première rencontre. Gaule, 409 av.JC Il se dirigeait vers Lutèce et s'était arrêté à l'auberge de ce village. Il flânait maintenant au milieu du marché hebdomadaire, respirant toutes ces odeurs mêlées, de celle des fruits mûrs au sang des sangliers fraîchement tués. Il se sentait bien. Il ressentit alors sa présence, par ce frisson habituel. Parmi cette foule, il lui semblait difficile d'identifier l'autre Immortel. Mais dès qu'il la vit, Methos sut. c'était elle. c'était Elle. La robe bleue qu'elle portait ce jour-là deviendrait sa préférée au cours des ans. Elle laissait deviner ses formes attirantes et mettait en valeur chacun de ses gestes gracieux, sans pour autant être provocante. Enfin, il leva les yeux vers son visage. Il fut surpris par la malice et la douceur qu'il y trouva. Ses cheveux roux et bouclés encadraient son fin visage, la moue boudeuse mais adorable qu'elle avait prise en ressentant sa présence, ses yeux verts dans lesquels il se serait volontiers oublié des heures durant, des yeux respirant une espièglerie rare chez des Immortelles ayant participé au Jeu. De son côté, elle contemplait désormais un homme relativement grand, musclé, aux cheveux bruns et au profil décidé et intéressant. Mais ses yeux retinrent son attention. De couleur indéterminée, vert-doré étant le plus approchant, ils trahissaient encore les épreuves que cet homme avait du traverser. Elle reposa le melon qu'elle respirait sur son étalage et se dirigea prudemment vers lui, incertaine de l'attitude à adopter. Elle était encore jeune. Elles l'étaient pour la plupart; il leur était plus dur de survivre. Elle se campa devant lui et, voyant son absence totale de réaction, se présenta. Je m'appelle Eva. Je ne cherche aucun combat, mais y suis préparée si telle est votre volonté. Il la contempla quelques secondes, puis sourit. Elle se sentit soulagée. Il avait un si beau sourire, qui illuminait ses yeux et tout son visage. Elle aurait tout donné pour ce sourire. Enfin, il lui tendit la main. Mon nom est Methos. Gaule, 357 av.JC Les quelques minutes où ils se découvrirent étaient parmi les plus beaux moments de sa déjà longue vie. Maintenant, sous leur toit, après 52 ans de vie commune parsemée de quelques combats, le meilleur demi-siècle qu'il ait connu, il attendait qu'elle revienne de ce même marché où ils s'étaient rencontrés, dans cette même robe qu'il adorait. Methos repensa alors à leur première nuit ensemble. Gaule, 409 av.JC Il n¹en aurait jamais assez de l'écouter raconter ses 76 années d'existence, les combats qu'elle avait menés, les ruses qu'elle avait employées, les difficultés qu'elle avait rencontrées. Elle lui avait préparé un délicieux repas, mais il ne mangeait que par réflexe. Il avait faim de ses expressions, ses mots, ses yeux, ses lèvres, d'elle. Enfin, ayant fait preuve jusque là d'une surprenante patience, étant donné sa curiosité naturelle, Eva lui demanda qui il était, et quelles étaient les choses qui avaient laissé tant de marques dans son regard. Etonnamment, Methos ne s'en voulut pas de les avoir laisser transparaître. Il savait qu'il ne pourrait jamais rien lui cacher. Il prit cependant note mentalement de ne plus se relâcher ainsi. Il lui raconta donc sa vie, chose qu'il n¹avait jamais faite. Brossant rapidement sa vie pré-Immortelle, Methos passa à son meurtre, à son réveil, sa surprise, sa reconnaissance pour son assassin et désormais professeur, mais plus encore sa complicité avec son autre élève, tué quelques mois plus tard, Kronos. Son idée d'incarner les Cavaliers de l'Apocalypse. Comme début à tout, le meurtre de leur professeur. Puis leur quête pour leurs futurs frères, Guerre et Famine, Silas et Caspian. Leur unité dans ces massacres. Comment, depuis Cassandra, il avait peu à peu réalisé ce qu'ils commettaient. Comment, las des disputes futiles de leurs frères, Kronos lui avait proposé de les laisser. Comment il avait du affronter Kronos qui ne voulait le laisser partir seul, et comment il s'était enfui quand il avait réalisé son incapacité à tuer son plus ancien frère. Il les avaient tous abandonnés. Même Silas, de tous son préféré, celui qu'il pourrait peut-être encore aujourd'hui appeler son frère. Comment il était parti sans un adieu. Il se sentait tellement soulagé, d'avoir enfin avoué tout cela. Il l'avait trop longtemps gardé en lui. Relâchant enfin la pression accumulée, il se rendit compte qu'il pleurait. Eva prit alors sa tête dans ses bras, sur ses genoux, lui murmurant des mots apaisants dont il ne saisissait pas le sens. Il entendait sa voix drapée, voilée, douce, veloutée, rassurante. Ne comprenant pourquoi il avait le bonheur de la connaître, ses sanglots gagnaient en ampleur et en force. Il était maintenant saisi de convulsions si violentes qu'elles en auraient effrayé plus d'une. Mais pas Eva, elle restait là, à tenir Methos fermement, à lui parler. Peu à peu, il se calma. Elle le releva et le serra dans ses bras, doucement d'abord, puis de toute la force dont elle était capable. Elle avait si peur, maintenant qu'elle le connaissait, de le perdre, lui, mais aussi ce sentiment qui les poussait inéluctablement l'un vers l'autre. Il lui répondit qu'ils seraient à jamais ensemble, maintenant qu'ils s'étaient trouvés, rien ne les séparerait. Il s'en voulait de cet idéalisme et de cet optimisme lui ressemblant si peu, mais ne pouvait rien y faire. Il retrouvait ses illusions d'enfant. Enfin leurs lèvres se rencontrèrent. c'était le plus doux et le plus sauvage baiser qu'ils aient jamais donné et recueilli. Telle fut leur union, tendre et passionnée. En se réveillant le lendemain, Methos serra fort le corps de sa bien-aimée encore endormie dans ses bras, heureux de n¹avoir pas rêvé. Il se sentait enfin achevé. Pour la première fois de sa longue existence, et à sa plus grande surprise, il croyait aux âmes-soeurs. Gaule, 357 av.JC Elle commençait à se faire longue. Au bout de tant d'années, il détestait toujours autant être séparé d'elle. Soudain, il se rendit compte d'une certaine électricité dans l'air. Il sortit en grande hâte et vit au loin les éclairs d'un Quickening. Il prit son épée, enfourcha son cheval et partit à grand galop en direction des éclairs, s'interdisant d'envisager l'origine possible de ce Quickening. Arrivant au loin, il vit un homme à genoux. Sur le sol, à ses côtés, une forme claire. Bleue. La robe d'Eva. Methos se jeta à terre et courut vers son corps, ne prenant garde à l'autre Immortel. Celui-ci, toujours au sol, reprenait son souffle. Methos ne pouvait y croire. Son amour gisait là sous ses yeux. Il allongea son corps proprement, remit la tête à sa place. La peur était encore sur son visage, dans ses grands yeux verts. Insouciante, malgré les reproches incessants de Methos lorsqu'il lui arrivait de commettre cette imprudence, elle était sortie sans épée. Elle n¹avait donc eu aucune chance contre cet homme. Elle avait du le supplier de ses si beaux yeux, implorants, mais elle était trop fière pour verbalement lui demander pitié. Methos fut agité des mêmes convulsions que lors de leur première nuit, mais aucun apaisement ne suivrait; elle ne serait pas là pour le calmer. Plus jamais elle ne serait là. Ce qui le ramena à la réalité et fit cesser ses sanglots fut le rire de l'Immortel derrière lui. Methos se retourna, l'épée à la main et la rage au coeur. Qui êtes-vous? -Methos, mon cher Methos! Ou devrais-je t¹appeler...la Mort?... Mon nom est Lukas. Tu ne me connais pas, mais en des temps plus reculés, toi et tes Œfrères' avaient massacré mon village lors de mon absence. c'était trop dur. Il le savait. Sa colère montait, réveillant le Cavalier en lui, celui précisément duquel Lukas comptait se venger. Il était temps pour Methos d'expier ses crimes; il comprenait à présent qu'il n¹avait eu la chance de la connaître que pour devoir souffrir de la perdre. Mais son cadet Immortel continuait de rire. Il savourait ces instants. Que ce moment est doux!... j'ai tout d'abord voulu vous tuer, tous, mais je ne pouvais m'y risquer alors que vous étiez encore unis. Après vous avoir retrouvés --il me suffisait de suivre le sillage de saccages, viols et morts-- j'ai du vous observer à distance, prenant soin que vous ne ressentiez jamais ma présence. j'ai tout vu. Toujours plus de massacres, mais aussi les disputes de plus en plus fréquentes, ton pathétique combat intérieur, déclenché par la si belle Cassandra, et, enfin, votre séparation! Mais durant ce temps, j'avais bien réfléchi à ma vengeance. La simple mort serait bien trop douce. Il vous fallait souffrir ce que j'avais souffert, perdre ce que j'avais perdu: toute ma vie. Et alors la mort serait une bénédiction pour vous, comme elle le serait pour moi, une fois ma vengeance accomplie. Mais tu es le seul que je puisse ainsi blesser. Je t¹ai laissé quelques siècles, observant tes Œfrères', afin d'être sûr qu'ils ne se trouveraient jamais de vie, qu'ils ne se découvriraient pas un coeur. Rassure-toi, eux sont toujours dignes d'être des Cavaliers. Je suis donc revenu vers toi, et j'ai eu la chance de rencontrer ta chère femme avant de te retrouver. Ah! quel bonheur j'ai ressenti quand, me croyant pacifique, elle me dit t¹être mariée... Mon seul regret aura été de n¹avoir pu profiter d'un quelconque moment d'intimité avec elle, comme tu as du le faire avec les femmes de mon village... avec ma femme. Cette demoiselle avait l'air si charmante! Pendant ce temps, Methos était retombé à genoux, prostré sur le corps d'Eva, serrant ses fines mains à présent inertes. Mais sur ces derniers mots, le Cavalier reprit le dessus. Il se releva et chargea Lukas, son épée devant lui. Lukas n¹eut aucun mal à parer une attaque aussi bestiale. Mais ce n¹était que pure rage; alors Methos redevint l'agile escrimeur qu'il avait toujours été, et en deux passes le désarma et l'empala. Alors qu'il s'apprêtait à le décapiter, Lukas prononça son dernier mot: Merci. Son Quickening fut extrêmement douloureux. Methos dut ressentir la perte de Lukas en plus de la sienne, sa haine envers les Cavaliers, envers lui-même. La culpabilité de Lukas de n¹avoir pas été là, en plus de la sienne d'être arrivé trop tard. Il observa alors le corps sans tête de son cadet. Puissant, musclé, athlétique. Il aurait pu gagner, s'il avait voulu se battre. Quant à sa tête... il avait l'air si jeune, encore maintenant. Des traits extrêmement doux, des boucles blondes, un visage d'enfant, mais ses yeux restés ouverts laissaient entrevoir d'interminables souffrances. On aurait dit un gamin qui aurait mûri trop vite. Methos se détesta alors. Pendant plusieurs semaines, il ne se nourrit pas. Il envisagea le suicide. Mais Lukas savait bien qu'il ne pourrait jamais s'y résoudre. Il était celui qui survivait, après tout. Il eut fallu qu'il rencontre un autre Immortel pour mourir. Mais, seul dans leur maison isolée, ce ne fut pas le cas. Il vécut en ermite pendant quelque temps. Sans penser. Il survécut plus que tout autre chose. Enfin, il se permit de réfléchir aux derniers évènements. Il vit en quoi il respectait Lukas. Il vit que celui-ci avait eu raison de le remercier. Il vit qu'il allait vivre. Par respect pour Lukas, qui voulait qu'il souffre. Par respect pour Eva, qui aurait voulu qu'il vive. Il leur rendrait hommage de par sa vie. Et si une chose aussi improbable que la rédemption existait... il expierait ses crimes. Il vivrait. Chroniques de Methos Je me suis enfin obligé à revivre cette soirée. Quel bel hommage je lui ai rendu, à me détacher de tous, à ne jamais m'impliquer! Comme elle détesterait celui que je suis devenu!... Quant à la rédemption... Pourrais-je espérer?... Depuis ces temps, j'ai vécu de compromis. Me déclarant sans liens affectifs aucun, je m'attachais à Darius, puis à MacLeod. Immortel, je devenais Guetteur. Il me faut désormais trouver qui je suis, sans compromis aucun. Paris, 738 ap.JC Faible car blessé et voué à une mort certaine, Methos chercha un refuge. A vingt mètres, une petite et modeste église. Sauvé! s'il arrivait à l'atteindre... Son épée était si lourde au bout de son bras. Il para difficilement l'attaque de son adversaire, puis rassembla ses dernières forces pour courir jusqu'à l'église, s'effondrer sur les marches, la Terre Sainte, frapper le portail de bois... qui s'ouvrit presque immédiatement, accompagné du frisson bien connu signalant la présence d'un autre Immortel. Methos leva les yeux: un prêtre. Son adversaire s'enfuyait déjà en criant Je te retrouverai, Methos!. Le prêtre le tira à l'intérieur et sourit. Methos? Toute une légende!... -Et vous? articula difficilement ce mythe vivant, pour encore quelques secondes du moins. -Darius. Enchanté. -Une autre légende... Methos trouva la force de produire un dernier sourire ironique avant de mourir. Quand il revint à lui, il se trouvait dans un lit aux draps blancs, nu, probablement une pièce attenante à la sacristie, peut-être même la chambre de son hôte. Tout y était simple, jusqu'à l'échiquier placé à côté du lit. Methos y jeta un rapide coup d'oeil et, fort de plusieurs années d'expérience, termina la partie en un coup de maître. Le frisson. Darius entra, et lui lança ses habits. Je les ai sauvés. Puis, jetant un coup d'oeil à la partie maintenant achevée: Joli coup. Je n¹y aurais pas pensé. Methos ignora le compliment. Il examinait les coutures sur ses habits, là où l'épée les avait déchirés. Rien à redire. Pas un accroc. Ex-barbare, maintenant prêtre et homme de paix, et en plus couturier. Vous avez tous les talents! Darius ne répondit rien. Methos prit alors le loisir d'examiner cette autre légende vivante. Ses traits étaient relativement doux, comparés à ceux de Methos; mais ses yeux étaient une fois encore les plus remarquables. c'était souvent le cas chez les Immortels. d'un bleu qui aurait dû virer électrique, métallique au cours des siècles, ils respiraient encore l'humanité. c'était sans nul doute depuis le Quickening du Saint Homme qu'ils avaient acquis cette nuance. Elle se reflétait sur tout son visage, en adoucissant les expressions et les angles. Ils redonnaient un nouveau sens à la maxime Les yeux sont les portes de l'âme. Methos continua. Alors c'est vrai? Dès lors que vous avez pris sa tête... -Il est des Quickenings qui vous rendent fous, qui simplement vous détruisent, ou d'autres encore qui vous transforment totalement. Methos acquiesça silencieusement. Il en savait quelque chose. Depuis celui de Lukas -- il ne pouvait se permettre de repenser à cela. Ces quelques derniers siècles, il avait réussi à refouler ces souvenirs au plus profond de son esprit. Il pensait avoir guéri, mais le simple nom de Lukas avait rouvert ces plaies bien trop récentes. Darius avait saisi la douleur qui était passée dans les yeux de son aîné. Il le regarda s'habiller d'un air absent, pensant qu'ils devaient avoir bien des choses en commun. Saisissant l'interrogation muette du prêtre, Methos se surprit en lui disant: Raconte-moi ton conte et je te dirai le mien. Darius sourit. Nous serons mieux près du feu, avec un dîner et une bonne bouteille. Methos se laissa guider dans la pièce voisine, auprès de l'âtre. Darius était le plus apte à le comprendre, ayant traversé des épreuves similaires aux siennes. Ils passèrent donc la soirée, et même la nuit, à se confesser tout ce qu'ils n¹avaient jamais dit qu'à quelques rares personnes, voire à aucune. Leur première mort. Leur premier meurtre. Leur premier combat. Leur première guerre. Leurs premiers massacres. Puis leurs derniers. Ce changement en eux. La voie de paix qu'avait suivi Darius, après avoir pris la tête de son ennemi, le Saint Homme étant alors le plus vieil Immortel. La voie de survie qu'avait empruntée Methos, ne s'attachant à aucun Immortel et évitant les combats. Pour eux. Il arriva à faire ce qu'il n¹avait jamais fait, parler de Lukas et Eva. Et les pleurer. Comme Eva l'avait fait lors de leur première nuit, Darius prit Methos dans ses bras et le berça, le calmant de sa voix grave et posée. Après cette nuit, les deux hommes étaient devenus de grands amis. l'amitié du prêtre fut ce qui soutint Methos tout ce temps. Ayant tant en commun, ils se comprenaient sans un mot. Ils ne se jugeaient pas, connaissant les motifs de l'autre pour chacune de ses actions. Le lendemain, Darius lui demanda qui était son adversaire de la nuit précédente, petite histoire que le vieil Immortel avait omis de lui raconter. Pour une bonne raison: Son nom m'est inconnu. Je n'ai aucune idée de qui elle est. Mais elle me connaît apparemment. Elle m'a surpris hier et m'a blessé avant que je ne puisse rien faire. Mon réflexe fut de chercher une Terre Sainte. -Elle ne serait donc pas après ta tête pour une raison personnelle, mais bien pour... la légende. Le sourire du prêtre était toujours aussi chaleureux. Mais comment saurait-elle qui je suis? - Qui est au courant de ta véritable identité? - Et bien, toi et quelques autres vieilles connaissances que je n¹ai pas vues depuis... un certain temps, mais personne d'aussi jeune qu'elle. Elle paraissait avoir tout au plus 200 ans. -Merci de déjà me classer parmi les vieilles connaissances. Methos se plaisait définitivement aux côtés de ce prêtre si amusé de tout. De toute façon, je sais quoi faire. La retrouver, prendre sa tête, problème résolu. Elle n¹est pas dangereuse, elle n¹aura plus l'effet de surprise de son côté. -Admettons... Et comment comptes-tu la retrouver? Un frisson les parcourut. Comme ça. Ce fut au tour du prêtre d'apprécier le sourire sarcastique de son ami alors qu'il se levait, prenait son épée et se dirigeait vers la porte contre laquelle elle venait de frapper. Il savait qu'il n¹aurait servi à rien d'essayer de le raisonner d'une façon ou d'une autre. Quand Methos revint, quelques heures plus tard, il s'affala sur un siège et soupira: Problème résolu. Darius attendit qu'il veuille en dire plus en lui versant une tasse de café. Je déteste le café. furent ses prochaines paroles. Ce disant, Methos sortit une gourde de son manteau et versa du whisky dans sa tasse, avant d'avaler le tout d'un trait. Darius sourit à cette habitude sûrement prise en Irlande. Methos reprit: Les Guetteurs. Ils ont retrouvé ma trace. Après tant de siècles à brouiller les pistes. Ils savent que je suis dans cette ville. Elle est allée discrètement compulser leurs registres, a lu les descriptions qu'ils ont de moi, et a tenté sa chance quand elle m'a vue. Je correspondais au profil. Je dois maintenant rapidement quitter la ville. Il est hors de question qu'ils me retrouvent. -Tu as de la chance que mon Guetteur ne soit pas assidu au travail... -Un ami à toi? -... Effectivement. Darius admira la perspicacité de Methos. s'il te pose des questions sur moi - -Je lui dirai que tu es un vieil ami à moi. Ton nom? -Peu importe. Adam! Toujours Adam. Pour elle. Quelle ironie. Un ami à toi qui n¹aime pas être surveillé. Invente ce que tu veux quant à mon âge, ma naissance, ma vie. -Ne t¹inquiète pas. -Non. Je te fais confiance. Je reviendrai sûrement dans quelques décennies. j'aime bien Paris. Dommage qu'elle regorge des nôtres. -A bientôt alors. -A bientôt, frère Darius. Une dernière fois, ce sourire ironique. Puis il se retourna et partit. Chroniques de Methos En deux jours, Darius et moi sommes devenus plus proches que je ne l'avais jamais été de personne. A part elle. Je pensais pouvoir me le permettre, cette fois. Toujours sur la Terre Sainte, il ne risquait rien. Sa mort fut dévastatrice. Je l'ai pleuré des semaines durant. Mon chagrin fut trop grand, et mon fameux instinct de conservation¹ trop fort pour que je tente alors de venger sa mort. Je ne fus plus qu'un fantôme chez les Guetteurs. Ian Bancroft, son Guetteur, fut fortement ébranlé; il admirait ce prêtre. Mais il partit aussitôt sur une autre mission¹, comme ils nous appellent, Mei-Ling Shen. Adam Pierson fut accaparé par ses recherches et devint associable au possible. Quand je me fus ressaisi, j'appris que MacLeod s'était déjà occuppé d'Horton, et pris connaissance de la folle idéologie de ce dernier. Alors, je ne connaissais MacLeod qu'à travers ce que Darius m'en avait dit. Il l'estimait beaucoup. Désormais, moi aussi. Darius était comme une terrain neutre pour moi, tout comme la Terre Sainte où il résidait. Il ne me jugeait pas, essayait seulement de me guider. Il était prêt à tout me pardonner. c'est pourquoi il ne m'a jamais obligé à choisir. MacLeod m'a toujours jugé, telle est sa nature. Je doute que je puisse jamais lui dire la vérité sur mon passé. Il serait capable de ne jamais me pardonner. Mais il me force désormais à prendre parti, et je lui en suis reconnaissant. Je suis un Immortel et dois m'assumer comme tel. Je suis Methos. Adam n¹est plus. Mon amour pour Eva n¹a pas besoin de cela. j'ai désormais accepter mes pêchés. Du moins je crois. De même, je pense que Lukas m'a pardonné, à moi qui suis si différent du Cavalier que j'étais. Je le sens au fond de moi. A présent, je vivrai, et je combattrai mes batailles si je ne peux les éviter. j'accepterai mon amitié pour MacLeod, même s'il serait bien imprudent de lui en faire part --de plus, cela lui ferait bien trop plaisir--, et serait prêt à en subir les conséquences. Jusqu'à un certain point, s'entend. Il sera toujours trop risqué et même insensé de me produire sous le nom de Methos, mais c'est celui que je serai. Le même qu'elle a aimé. Je pense aller faire un séjour au Tibet. Katmandou peut-être?