Redeeming the Fellowship de Verin Haley Traduction: Fan' Basé sur un challenge de Lore Krajsman: ŒEt si les crimes des Cavaliers ne s'étaient pas passés durant l'âge de Bronze mais maintenant. Durant le dernier millénaire. Et s'ils avaient attaqué un petit village, celui où une jeune fille appelée Cassandra habitait. Maintenant imaginez après une paire d'années en enfer figuratif, Cassandra arrive finalement à s'échapper et rencontre Duncan qui la prend sous son aile. Methos est le Methos des flashbacks des Cavaliers, ainsi que les autres Cavaliers et Cassandra.' Très vaguement basé sur les épisodes "Comes A Horseman" et "Revelation 6:8", ainsi que d'autres épisodes avec Methos. ****** Redeeming the Fellowship by Verin Haley Les Cavaliers se sont rassemblés il y a 1000 ans, dans le sang et la fraternité. Ils ont terrorisé le monde, changeant et évoluant de même. Leur influence sur le monde s'est graduellement évanouie alors que la technologie progressait, jusqu'à ce que leurs efforts soient entièrement limités à des attaques terroristes subversives. Bien que nulle autorité --mortelle ou Immortelle-- n'ait réussi à leur tenir tête, et que peu de ceux qui essayèrent survécurent, leur pouvoir était toujours limité. Cela ne convenait pas à Kronos, leur chef; seule une domination totale le satisferait. Ses plans étaient basés sur la ville de Paris, résidence à temps partiel de Duncan MacLeod. De nature, il les combattrait. De nature, ils lui tiendraient tête, unis. ****** Duncan MacLeod rencontra pour la première fois l'homme qu'il connaîtrait comme Adam Pierson dans l'église précédemment habitée par Darius. Comme il montait les vieilles marches de pierre de l'église, la sensation familière de la présence d'un Immortel le parcourut. L'alarme frissonnante amenait en même temps le malade et irraisonnable espoir que peut-être Darius était-il encore en vie, que toute la vie de Duncan depuis ce jour dans l'église --quand il avait trouvé le corps mutilé de Darius-- avait été un cauchemar. Dans son esprit, Darius sourirait gentiment, se moquant de lui pour être trop superstitieux à propos de ses rêves, et ferait disparaître le passé comme le fantôme de ce qui n'a jamais été. Il regarda les vieilles portes, mais le fantasme illogique se brisa quand aucune forme vêtue d'une robe marron ne vint à sa rencontre. Il se reprocha d'avoir cru en une fausse illusion aussi intensément et pénétra dans ces couloirs si connus, à la recherche de l'Immortel inconnu. Duncan trouva l'homme dans le sanctuaire. L'étranger se tenait appuyé contre un des piliers de la salle, dos à la porte. Il faisait face à l'autel, mais se retourna avec un certain dédain comme Duncan entrait. Ses cheveux noirs étaient coupés court, sa carrure athlétique. Son manteau de cuir noir était ouvert et les vêtements en-dessous étaient chèrement taillés. Il sourit doucement quand il vit Duncan, mais son expression n'était pas particulièrement ouverte ou bienveillante. "Je suis Duncan MacLeod, du clan MacLeod", se présenta Duncan, se questionnant quant à cet inconnu. "Le Highlander, oui. Je sais qui vous êtes," vint la réponse. Le sourire ne quitta jamais son visage. "Je suis Adam Pierson." "Je n'ai jamais entendu parler de vous," commenta Duncan. "Non, ça m'aurait étonné," confirma Adam, remuant avec gêne, son regard s'illuminant brièvement sur le couloir derrière Duncan, avant de se reposer de nouveau sur lui. "Je ne suis pas du genre à participer au Jeu." "Nous n'avons aucune querelle, alors," déclara Duncan, se détendant. "J'espère que non," commenta doucement Adam. Il y eut un silence comme ils s'étudiaient l'un l'autre. Duncan se demandait ce que voyait l'autre homme. Son expression, calme et amusée, restait toujours impossible à déchiffrer. "Vous attendez quelqu'un?", demanda enfin Duncan, désireux d'en savoir plus sur cette énigme et également curieux quant à ce seul et rapide coup d'oeil vers la porte. "Non", répondit Adam, haussant les épaules. "J'étais venu témoigner mon respect à la mémoire d'un vieil ami." Duncan ressentit une soudaine parenté avec cet homme qui partageait la perte de Darius. "Darius était de vos amis?" s'enquit-il, pas spécialement surpris. Adam hocha la tête. "Nous nous connaissions. Étiez-vous un de ses élèves?" Il sembla, pour un moment, qu'il y avait plus à la question que de la simple politesse. "Non. Même si je le respectais, Darius et moi n'avions pas les mêmes idées quant à beaucoup de choses," expliqua candidement Duncan. "Je ne pourrais jamais délaisser mon épée." Finalement, ca n'avait pas non plus beaucoup aidé Darius. Ses meurtriers avaient beau avoir été mortels, il était tout aussi mort. De la tristesse l'envahit à la pensée de son vieil ami. Peut-être que si Darius avait été autre part... Mais peut-être aurait-il alors été tué par un autre Immortel. Adam semblait indifférent aux préoccupations de Duncan. "Ahh," reconnut-il doucement. Il semblait comblé par cette réponse, mais Duncan ne pouvait imaginer pourquoi il le serait. Il n'eut pas non plus la chance de questionner cet homme élusif. "Je devrais y aller," s'excusa brusquement Adam. "Pourquoi ne pas me recontacter plus tard?", demanda-t-il, donnant à Duncan une carte sortie de la poche de son manteau. Il y était écrit ŒAdam Pierson, Président du E.I.C.' et donnait une adresse suivie de plusieurs numéros de téléphone. Duncan empocha la carte, se questionnant encore plus sur ce mystérieux homme. E.I.C. était une compagnie bien connue qui s'occupait des transports de grains. Peu importe qui était Adam Pierson, il était riche et n'avait probablement que peu de responsabilité dans la compagnie. Methos passa à côté de Duncan et quitta l'église, rencontrant Kronos sur son chemin. "Mon frère," l'accueillit Kronos. "Tu vas quelque part?" Methos quittant l'église sans lui était un imprévu. "N'importe où mais pas ici." rétorqua Methos, s'arrêtant à côté du plus petit homme. "Ton vieil ami Duncan MacLeod est là-dedans." "MacLeod", répéta Kronos. Ses yeux brillèrent avec anticipation alors qu'il étudiait les portes. "Pourquoi n'avoir rien dit plus tôt? Nous avons de vieilles affaires dont nous devons nous occuper, lui et moi." Kronos s'avança l'église, mais Methos l'arrêta d'un léger toucher sur le bras. "Pas maintenant", déclara Methos avec un petit hochement de tête négatif. "Nous avons de *nouvelles* affaires dont nous devons nous occuper d'abord. MacLeod peut attendre", insista-t-il. Kronos n'avait besoin d'aucune distraction alors qu'ils planifiaient tout. Kronos fixa les portes un long moment, puis hocha la tête, marquant son consentement. "MacLeod peut attendre." Ils se détournèrent de l'église et marchèrent dans un silence agréable. "Sont-ils d'accord pour nous rencontrer?" demanda finalement Methos. "Oui, éventuellement. Ils sont très méfiants." Methos pouvait voir le rire silencieux de son frère. "Ils devraient l'être", répondit-il avec un sourire mesquin... "Ils veulent aussi que je vienne seul." Methos hocha doucement la tête. "Peu surprenant, mais tu peux te débrouiller seul, même si je ne suis pas là pour surveiller tes arrières. Satan sait que je n'ai pas eu à te baby-sitter pendant 500 ans." "Baby-sitter", grogna Kronos avec dégoût. "Tu as un sens de l'humour pervers, mon frère." "C'est ce qu'on m'a dit. Déjeuner?" Methos étudia Kronos du coin de l'oeil. Il était possible que Kronos insiste pour qu'ils travaillent pendant le déjeuner. Methos admirait le dévouement de Kronos à sa cause, mais son frère pouvait n'avoir exaspérément qu'une seule idée en tête, et refuser d'en démordre. Kronos hocha la tête, à la grande surprise de Methos. "L'endroit habituel", acquiesça le plus jeune. "Nous devenons prévisibles", commenta Methos. Il y avait un avertissement dans cette affirmation. "Tu sais", rétorqua Kronos en baissant la voix, "quand nous relâcherons les sombres feux du chaos, il n'y aura plus besoin d'imprévisibilité. Bientôt, Methos, bientôt tout le monde tombera à nos pieds, une fois encore." Methos grogna. "Ils n'ont jamais été à nos pieds, Kronos." Une colère dangereuse passa dans les yeux de Kronos. Il avait horreur d'être contredit. "Ne fais pas l'idiot", murmura doucement Methos, coupant court à toute remarque avant qu'elle ait été faite. "Bien que tu adorerais penser le contraire, nous n'étions rien de plus que des bandits, des hors-la-loi dont les autorités ne voulaient pas s'embêter à s'occuper. Ceci ne sera pas toujours le cas, mais pour l'instant, ta petite opération terroriste est la version moderne de cela. Quoi que nous puissions être, ce n'est pas ce que nous avons été." Kronos le fixa, tenté de tirer sa lame sur son arrogant aîné. Leur promesse de sang l'interdisait, cependant, il en resta donc au regard. "Ils ont eu peur de nous", grogna-t-il. "Nous étions des légendes." "Oui", dit Methos avec un sang-froid énigmatique. "Ils ont aussi eu peur de Jack l'Eventreur, et il était un simple mortel. Nous ne sommes rien de plus qu'une histoire pour endormir les enfants." Kronos ricana méchamment, sachant que Methos essayait seulement de l'énerver. Vu le sourire goguenard sur son visage, Methos savait qu'il avait réussi. Le bâtard. "Cette expression ne convient pas à Charles Grayne", remarqua Methos. "Un fonctionnaire aux douces manières en effet." Kronos adoucit son expression, sachant que son frère avait raison et qu'il ne pouvait encore s'offrir le luxe de gâcher sa couverture --il avait besoin de ses connections avec la douane pour que les affaires de Methos leur fasse bénéficier d'une bonne contrebande-- mais ses yeux étincelaient toujours de puissance meurtrière. Methos était quelque peu surpris que le café entier ne gèle pas sous le regard mauvais de Kronos. Il s'assit, dissimulant son sourire. Il ferait mieux de ne pas pousser Kronos trop loin. Il prit place à une table de coin. De là, dos au mur, il pouvait voir la salle entière. Kronos esquissa un geste et ils commandèrent un repas rapide. --------------------------- Fin de la partie 1/10 --------------------------- "Te rappelles-tu comment nous avons commencé, mon frère?", demanda frivolement Kronos. Methos savait par expérience que la question n'était pas si frivole qu'elle paraissait. "Deux amateurs", Methos se rappela, "nous avons commencé si incroyablement petits. Quelques vols, un occasionnel cambriolage." "Te rappelles-tu la première fois que nous avons tué ensemble?" Les yeux à moitié clos et le gentil sourire déniaient la cruauté de la remarque. Methos rit. "Nous ne voulions même pas le tuer. Un sacré accident." "Aucune limite", Kronos murmura. "Après cela, il n'y avait rien que nous ne pouvions faire. Ceci, ce que nous sommes désormais, n'est qu'une ombre de ce que nous devrions être. Ce que nous pouvons être, si nous amenons ce monde à nos pieds. Le chaos, Methos, l'anarchie. Nous en profitons. C'est ce que nous *sommes*." La réponse de Methos fut coupée court par une conversation de plus en plus bruyante à une table voisine. Methos jeta un coup d'oeil, irrité, dans la direction des trois hommes tenant une conversation animée -- et maintenant plutôt bruyante. "Ce sont des monstres, je vous dis", cria à moitié le premier homme. "Personne ne dit qu'ils n'en sont pas", répondit le second. "Mais ils ne sont que des hommes, peu importe derrière quel genre de masques ou de mythes ils se cachent." Kronos étudia son compagnon, qui observait désormais l'autre table avec grande attention. L'espiègle et rapace tension dans la forme de l'homme brun alerta Kronos. Methos préparait quelque chose. "Ils sont plus que cela! Ces gens ont pris et corrompu le subconscient même de notre culture, et ils le font depuis mille ans! Les gens ont peur de dormir la nuit parce qu'ils se demandent s'ils se réveilleront jamais. Ces prétendus ŒQuatre Cavaliers' ont prouvé leur volonté à faire sauter une école publique dans une petite ville de nulle part, et pourquoi? Simplement parce qu'ils le *peuvent*." L'homme se leva de son siège en parlant, agitant ses bras avec insistance, alors que ses compagnons le regardaient avec alarme. Avant que Kronos ne puisse réagir, Methos avait bougé. Le plus vieil Immortel s'était approché de l'homme et l'avait gentiment attrapé par le bras. L'homme était si choqué par le contact inattendu qu'il se laissa être de nouveau guidé à son siège. Methos tira une chaise à côte de lui et s'y affala avec une insolente nonchalance. "Les Cavaliers, mon ami, comprennent le drame", commença Methos sans préambule. Il n'y avait aucune animosité détectable, et Kronos admira la capacité de son frère à jouer. "Que voulez-vous dire?" demanda l'étranger. Il était confus, mais aussi curieux de ce que cet homme avait à dire. "Ils utilisent la première règle dramatique, mon ami." Methos fit une pause pour plus d'effet. "Commencer humblement, puis finir dans le *grandiose*." L'homme hocha doucement la tête, impressionné par cette explication impromptue. "Ils font peur car leurs attaques sont sans raison. Une compagnie high tech a autant de chances d'être une cible que cette école que vous avez mentionnée. Personne n'est a l'abri; il n'y a aucun sanctuaire." Methos fit une pause. "Ils ne s'arrêteront pas sauf s'ils *sont* arrêtés. Et jusqu'à présent, rien ne s'est encore opposé à eux avec succès. Pas vrai, mon frère?" Kronos rencontra le regard solide de son frère, ne prêtant aucune attention au fait qu'il était le nouveau centre d'intérêt. "Rien", approuva-t-il, décidant de jouer le jeu. "Ils sont le groupe terroriste le plus efficace dans l'histoire du monde", affirma Methos, tapotant le bras de l'étranger avec une camaraderie qui aurait presque pu être authentique. "Ils se sont institués si fermement dans l'histoire, la mythologie, et la terreur instinctive de toute culture du monde que les conséquences en retentiront jusqu'à la *fin* des *temps*." Le regard rapide, presque imperceptible de Methos vers Kronos fit sourire ce dernier sous sa barbe. Methos longeait très étroitement la voie de la vérité. "Mais cela ne peut être eux", protesta l'homme. "Personne ne peut vivre aussi longtemps. Ce doit être leurs descendants, reprenant là où les Cavaliers précédents s'étaient arrêtés. Quelque chose! Personne ne vit 1000 ans." "Peut-être ceux qui ont un désir assez fort ne perdront jamais la volonté de vivre. La Mort *est* l'un des quatre." L'homme fixa Methos, secoué par les mots nonchalamment prononcés, même s'il ne pouvait expliquer pourquoi. "Mais ils s'arrêtent! Tous les cinquante ans environ les Cavaliers disparaissent, et réapparaissent dix ans plus tard." L'homme déclama cette idée comme si c'était d'une logique irréfutable. Methos bailla, son évident ennui moqueur troublant une fois de plus son audience. "Donc ils prennent des vacances. Terroriser le monde est un boulot exténuant." Sa nonchalance resta inappréciée, excepté par Kronos. Methos se redressa brusquement sur sa chaise, son expression maintenant gravement sérieuse. "Ils ont duré 1000 ans, mon ami, et ils en dureront mille de plus." Il termina gentiment. "Les gens comme nous, mon ami, n'ont aucune chance." Avec un gentil sourire, Methos se leva et retourna à son siège à côté de son frère. A contre-coeur, le reste du café perdit toute attention maintenant que le discours était évidemment terminé. "Bravo, Methos. Je me sens illuminé. Tu n'as pas perdu ton talent. Tu berces toujours la populace avec des mots doux. Je savais qu'il y avait une raison pour laquelle tu étais notre responsable des communications." Methos eut un rictus. Kronos devait être dans une rare bonne humeur pour plaisanter. "Cette compréhension leur era peu de bien", déclara Methos, se détendant dans sa chaise. "La plupart d'entre eux auront oublié ce que je viens de dire d'ici à ce que nous quittions ce *charmant* petit établissement. Le reste se posera des questions, et aura peur." "Peur", souffla Kronos. "Ils ont toujours peur de nous. Ca ne change pas, mon frère. Rien ne change jamais; ni eux, ni nous." Methos hocha doucement la tête. S'il pensait différemment, rien sur son visage ne le trahissait. Ils finirent leur repas en silence, et retournèrent à la base. Silas et Caspian trouvaient l'histoire hilarante. Kronos avait insisté pour leur raconter dès qu'ils furent de retour, et Methos n'avait eu d'autre choix que d'acquiescer à la narration de bonne humeur. "Donc Methos a *informé* l'homme que nous faisions simplement ce que les acteurs font: instaurer le *drame*", hoqueta Kronos, essayant de parler à travers un éclat de rire. Silas et Caspian étaient tout aussi handicapés par le résumé des évènements par Kronos. Methos trouvaient les réactions de ses frères bien plus amusantes que la vue quelque peu déformée des évènements de Kronos, mais tant qu'il ricanait, ses frères supposeraient qu'il riait avec eux, et non *d'eux*. "Methos a toujours aimé prêcher les faibles", observa Caspian. Methos haussa les épaules, refusant de relever la remarque. "Cela devient plus divertissant. Cet homme était assis là, *juste* *à côté* d'un des hommes à propos desquels il délirait, et croyait chaque mot que Methos lui disait. Et Methos restait juste assis là -- avec cette expression Œhumaine' et impénétrable qu'il prend si bien -- et lui expliquait *gentiment* ce que nous étions. Un des Cavaliers, et il ne s'en est jamais douté!" Kronos paraissait trouver cela particulièrement divertissant. Que cet homme ait écouté un des Cavaliers expliquer les Cavaliers eux-même -- et ne s'en soit jamais rendu compte -- déclenchait de nombreux fous rires. "Au moins ça l'a fait se taire", rationalisa Methos. "Je n'avais pas particulièrement envie d'écouter un mortel délirer à propos d'à quel point nous étions mauvais. Et sans vouloir gâcher ton plaisir, Kronos, mais nous sommes ici pour parler affaires, pas de notre déjeuner." "Allons, Methos, la vie est faite pour s'amuser," dit Kronos d'une voix traînante, s'adossant et mettant ses pieds sur la table circulaire. "Je m'amuserai à connaître les détails de notre prochain raid", déclara précisément Methos. "Que s'est-il passé avant que tu ne me rejoignes?" "Ils sont peu communicatifs, comme d'habitude", répondit Kronos, de l'irritation pointant dans sa voix. Il plissa pensivement les yeux. "Il est tentant d'y aller et de prendre ce qu'on veut." Il examina de près le visage de Methos alors qu'il formulait cette idée. "Pas de la Griffe du Tigre", déclara inflexiblement Methos. "Nous n'avons pas besoin d'avoir des terroristes chinois à nos trousses. De plus, cela nous retarderait considérablement." Methos savait que ce dernier argument ferait accepter son point de vue à Kronos. Kronos avait horreur des retards. "Nous n'allons nulle part *pour l'instant*", fit remarquer Kronos. "Il y d'autres canaux disponibles pour obtenir le virus", rétorqua logiquement Methos. "Tuer quelques centaines de mortels serait coûteux, une perte de temps, et bien trop publique. Ce serait plus amusant, mais moins efficace." Kronos haussa les épaules. "Alors nous le ferons à ta façon, mon frère." Il ferma à demi ses yeux et changea le sujet. "Alors tu as rencontré Duncan MacLeod." Methos hocha la tête, se demandant où cela allait le mener. "Et qu'as-tu pensé de lui?" continua Kronos. "Je n'ai pas eu la chance de pouvoir me faire une impression. Il avait l'air très honorable." "Son genre l'est la plupart du temps." Kronos rit sèchement. "Bâtards de Œchevaliers servants'." Methos sourit à demi. "Cela, il l'est. Il n'a probablement pas changé depuis que tu l'as rencontré pendant ces Œvacances' en 1800. Il *était* amusant, d'une façon puérile. Il m'a demandé si je connaissais Darius." "Que lui as-tu dit?", demanda Kronos avec intérêt. Methos rit silencieusement. "Oui." Kronos ricana avec délice. "Je suis sûr qu'il a supposé que c'était durant la période bonne et altruiste de Darius. Tu joues ŒAdam Pierson' bien trop facilement." Methos baissa les yeux en fausse modestie. "Chacun fait de son possible", dit-il d'un air réservé. Kronos tomba presque de sa chaise de rire. "Tu as raté ta vocation. Tu aurais du être un acteur." Methos eut un rictus discret et omit de faire remarquer qu'une large partie dans le fait de jouer un rôle était de se convaincre soi-même que l'on était ce qu'on prétendait être. Dans un sens, il ne pensait pas que Kronos apprécierait d'entendre ça. Kronos était, après tout, assez intelligent pour déduire que plus longtemps une personne prétendait être quelque chose, plus il y avait de chances qu'elle le *devienne*. Methos marchait sur cette ligne tous les jours. De toute façon, comment un homme -- même un homme comme Duncan MacLeod -- pourrait-il le changer? --------------------------- Fin de la partie 2/10 --------------------------- La vie de Duncan fut très occupée, et pendant deux semaines il n'eut aucune opportunité de saisir l'invitation d'Adam Pierson. Un trou dans son emploi du temps lui laissa un déjeuner libre et un inexplicable désir d'en apprendre plus sur cette mystérieuse connaissance de Darius. Il composa le numéro du bureau qui lui avait été donné et fut informé qu'Adam Pierson attendait son appel. Il attendit pendant qu'on transférait l'appel. Adam paraissait heureux qu'il ait appelé, et accepta un déjeuner le lendemain. Methos raccrocha le téléphone avec un rictus amusé. "A quel jeu joues-tu désormais, Methos?" s'enquit Kronos. Methos étudia son frère. Kronos avait l'irritante tendance de vouloir toujours tout contrôler. Il oubliait que ceci était un partenariat, et Methos n'était pas un sous-fifre à commander. Peut-être était-il temps de le lui rappeler. "Allons, mon frère", dit banalement Methos, s'adossant dans son coûteux fauteuil en cuir. "Je veux mieux connaître MacLeod." Kronos se tendit, et Methos cacha son rictus. Kronos était bien trop prévisible, par moments. "Pour quelle raison?", demanda Kronos. "Il te tuerait. Son antique code de l'honneur ne te permettrait pas de vivre. Il est un danger, Methos." L'agitation de Kronos ne fit qu'encore plus amuser Methos. Duncan MacLeod pourrait s'avérer être une grande source d'amusement. La vie perdait sa nouveauté et son charme bien trop tôt pour l'Immortel blasé. "Cela n'a rien à voir avec ta vengeance, Kronos", insista calmement Methos, bien décidé à profiter de son dernier divertissement autant qu'il le pourrait. L'ennui le guettait, même avec la volonté entraînante de Kronos de s'amuser dans la vie. Les rôles que jouait Methos ne faisaient qu'améliorer une vie qui lui donnait parfois l'impression qu'il avait tout vu et tout fait. "Comment pourrait-il s'apercevoir de Œce que je suis', comme tu le dis si joliment? Je n'ai certainement aucune intention de lui dire. Quant à pourquoi... Tout le monde peut être brisé, et il a *effectivement* une réputation d'excellent combattant." Methos savait que son sourire béat ne ferait qu'irriter encore plus Kronos. "Oui", admit à contre coeur Kronos. "Mais nous sommes quatre. Pourquoi aurions-nous besoin d'un autre? Le monde entier tremble à nos pieds. Toi et moi, Methos, nous dirigeons le monde." "Tu m'as mal compris, mon frère", remarqua Methos. Prévisible. "Je n'ai aucune intention d'ajouter un autre a notre confrérie. Caspian et Silas feront l'affaire. MacLeod... MacLeod n'est qu'un défi. Cela fait bien longtemps que nous n'avons eu un vrai défi." Kronos ricana, rassuré, et n'ayant plus qu'à s'occuper de la Griffe du Tigre une fois de plus. Methos se leva et prit une bière du minuscule frigo de son bureau. Bien que MacLeod l'aurait préféré, Methos n'avait aucune intention de prendre un déjeuner tranquille. Les déjeuners tranquilles étaient dangereux; ils menaient à des questions indiscrètes qui pourraient révéler plus qu'il ne voulait. Un peu d'action -- un scénario en noir et blanc, sauvons les gentils, stoppons les méchants -- feraient MacLeod se sentir bien et mettraient par la même occasion Methos à la place d'un Œgentil'. Un Immortel non scrupuleux marcherait mieux; il n'y aura aucun dilemne moral auquel MacLeod pourrait avoir à faire face plus tard. Les Cavaliers avaient pour habitude de savoir quels Immortels étaient dans Œleurs' villes, ainsi qu'une histoire détaillée de chacun d'entre eux. Il était précieux de savoir les faiblesses des autres Immortels, eux seuls pouvant représenter une réelle menace pour les Cavaliers. Il alluma l'ordinateur et accéda aux dossiers sur les Immortels locaux. Kyle Hammond, parfait, pensa Methos. Il était un bâtard assez intéressant. A cause de ses tendances sadiques, il tendait à trouver les diversions de Caspian bien plus intéressantes que les jeux mentaux de Methos, mais il était intelligent et relativement agréable avec qui discuter. Il avait aussi un penchant pour les bijoux, de préférence ceux qu'il n'avait pas à payer. Methos eut un sourire noir. Un rapide coup de téléphone vendit un de ses colliers de diamants rares et de saphirs à une certaine bijouterie convenablement placée à côté d'un café. Methos s'avérait savoir que Kyle avait le complément de ce collier. Il n'y en avait eu que deux de faits, un dessin géométrique étonnant souligné d'or blanc. Methos détestait s'en séparer, même temporairement, mais il savait qu'il pourrait facilement récupérer les deux colliers une fois que Kyle serait mort. Methos décrocha le téléphone et composa le numéro de Kyle. "Bonjour", répondit Kyle. "Bon accent, Kyle. Tu parles *presque* français comme un autochtone." Le sarcasme n'était pas perdu avec Kyle. "Très drôle, Chris", intervint Kyle, utilisant le nom sous lequel il connaissait Methos, l'alias que Methos utilisait pour toutes ses activités non répertoriées. "A quoi dois-je le *plaisir* de cet appel?" Le sarcasme de Kyle en réponse n'était pas inattendu. Il détestait en être la cible. "Pur plaisir", insista doucement Methos. "Je passais à côté de cette délicieuse petite bijouterie l'autre jour et j'ai remarqué quelque chose qui pourrait t'intéresser." Methos se faisait désirer, et ils en étaient tous deux conscients, mais cela n'arrêta pas l'impatience de Kyle. "Oui?", s'enquit-il. "C'était un superbe petit collier. Un s'assortissant, je crois, à ta ŒLumière de la Mer'." "L'autre?" Methos sourit à l'impatience surtendue dans la réponse de Kyle. L'hameçon était jeté. "Oui", acquiesça-t-il avec certitude. "Qu'est-ce que cela va me coûter?", demanda Kyle, immédiatement soupçonneux. Methos eut un sourire cynique. "Disons juste que tu m'en dois une." Il y eut un silence à l'autre bout de la ligne alors que Kyle prenait sa décision. Avoir une dette envers l'un des Cavaliers ou perdre un trésor depuis longtemps cherché. "D'accord", concéda-t-il enfin. "Je veux le nom et l'adresse de cette boutique." "Je peux faire mieux que ça pour toi. Je peux te donner le meilleur moment pour le Œretirer' et des informations sur la sécurité." Kyle rit doucement. "Cela va me coûter cher, n'est-ce pas?" "En effet. Mais je suis sûr que tu finiras par trouver un moyen de me rendre la pareille." "Je suis sûre que je trouverai." Methos se conforta dans la satisfaction alors qu'il déclamait l'information nécessaire à son appât. La vie était bonne. Le reste de la journée et la moitié de la suivante furent passées à rapidement mettre son plan en place. Anticiper simplement le jeu à venir excitait Methos. Il quitta le bureau bien avant qu'il ne soit nécessaire, l'attente le rendant impatient. Le déjeuner fut ordinaire, dans un café inconnu avec des repas à peu près décents et aucun oeil indiscret. Methos arriva dix minutes avant Duncan, qui se présenta à l'heure pile. Comme il est parfait, pensa comiquement Methos. "Adam", l'accueillit Duncan. "Prends une chaise, Highlander", invita Methos avec un geste nonchalant. "Je sais apprécier un homme qui est à l'heure. Cela rend la vie si rapide." Duncan grogna. "C'est un problème pour nous", commenta-t-il, prenant la chaise désignée, "comme nous avons aussi peu de temps à vivre." "En effet", acquiesça Methos alors que Duncan s'assit. "J'ai déréglé le temps..." "...Et maintenant le temps me dérègle", finit facilement Duncan. "Shakespeare." Methos hocha la tête, appréciant l'échange. Il avait beau aimer ses joutes verbales avec Kronos, celui-ci avait peu d'intérêt pour l'éducation et les Œpoursuites scolaires', comme Kronos le formulait. MacLeod, évidemment, en avait. "Je crois que quelqu'un a cassé mon sablier," déclara drôlement Methos. "Sablier," répéta sceptiquement Duncan. "J'en ai utilisé un ou deux", insista Methos, feignant la défensive. Duncan secoua sa tête, ne le croyant pas. Methos renversa sa tête, étudiant le Highlander. Il appréciait un peu de saine méfiance. Silas croirait tout ce que Methos lui dirait. Methos faisait attention à ne pas vérifier l'heure. Kyle devrait être là d'ici un quart d'heure pour commencer le jeu. --------------------------- Fin de la partie 3/10 --------------------------- L'agitation commença si graduellement que MacLeod ne la remarqua pas avant que Methos ne le signale, ses yeux crépitant de curiosité. Adam se leva et enfila son manteau. "Vous venez?" il demanda. Duncan ricana et se leva à son tour, laissant quelques billets sur la table pour payer le repas et un pourboire. Il prit le pas d'Adam alors que ce dernier commençait une marche rapide vers la bijouterie. Le devant de la boutique était entouré par des voitures de police et les deux Immortels purent entendre que le suspect était toujours à l'intérieur, armé. Les ordres des officiers étaient de procéder avec prudence; deux des policiers avaient déjà été touchés et conduits à l'hôpital. Le temps que Duncan et Methos soient assez près pour demander à un des policiers ce qui se passait, ils étaient assez près pour avoir senti le klaxon mental d'un autre Immortel. Methos rencontra l'expression inquiète de Duncan avec une expression feinte d'appréhension. Il savait très bien ce que Duncan pensait. Si l'Immortel inconnu en avait déjà touché deux, il n'hésiterait pas à tuer d'autres flics mortels. Methos ricana intérieurement. Kyle n'était pas du genre à faire les choses subtilement. "Je créerai une diversion," suggéra doucement Methos. "Vous allez à l'intérieur et vous occupez de celui qui y est. Nous ne voulons pas que plus de mortels soient impliqués là-dedans." Duncan hocha presque imperceptiblement la tête et Methos s'éloigna. Une distraction suffisante avec aussi peu de dommage aux propriétés publiques que possible. Cela devrait plaire à MacLeod. L'incertitude de la confrontation -- le besoin d'improviser -- faisait Methos se sentir inhabituellement vivant. Le risque d'être pris, reconnu, ou révélé, rendait la rencontre encore plus douce. L'adrénaline courant dans ses veines mettaient tous ses sens en état d'alerte; des couleurs assez éclatantes pour brûler dansaient dans ses yeux; de l'air frigorifique balayait ses lèvres entrouvertes, brûlant douloureusement la peau tendre qui semblait être en feu; chaque son avait son écho, demandant à grands cris son attention, et il était certain qu'il aurait même entendu le vol d'une chouette, si une ville en plein jour ne l'avait entouré. Methos se glissa dans l'allée en face de la bijouterie et escalada l'escalier de secours rapidement, emmenant une poubelle métallique avec lui. Il fronça son nez avec dégoût à l'odeur, alors qu'il déposa prudemment la poubelle sur le toit. D'une des nombreuses poches de son trench-coat, Methos tira deux sacs scellés contenant des produits chimiques. Isolés, ils étaient inoffensifs; combinés, ils formaient un produit qui exploserait à l'impact. Il mélangea prudemment les deux sacs dans la poubelle, puis replaça le couvercle. Il ramassa doucement la poubelle et la jeta par-dessus le rebord du toit. Ce n'était pas aussi dramatique que de shooter dedans, mais c'était *bien* moins probable d'exploser sur son pied. La poubelle plongea dans l'allée et s'écrasa sur le sol. La poubelle en elle-même contint la majorité de la force de l'explosion et du dommage --bien que la poubelle en elle-même ne soit plus jamais la même-- mais le bruit fut terrifique. Pendant quelques précieuses secondes, toutes les têtes dans la rue se tournèrent vers l'allée. C'était assez long pour que Duncan se glisse dans la bijouterie. Alors que Duncan combattait Kyle à l'intérieur, Methos se glissa à l'arrière du bâtiment, qui n'était couvert que par deux hommes. Négligents, pensa Methos avec dédain alors qu'ils les assommaient. Il eut été plus simple de les tuer, mais Duncan aurait peu approuvé. Il fit son chemin à l'intérieur du magasin alors que le Quickening se déchaînait, et trouva Duncan alors qu'il se calmait. Il aida l'Ecossais épuisé à se traîner hors du magasin par l'arrière. Ne pas s'être fait tué alors qu'il était sans défense à cause du Quickening inspirerait sûrement confiance a Duncan. Alors qu'ils sortaient du magasin, Duncan retrouva assez de force pour remarquer les deux policiers à terre. "Inévitable," expliqua calmement Methos. "Ils se réveilleront bien assez tôt, mais je ne pouvais vous laisser là-dedans à côté du corps." Duncan hocha la tête avec gratitude, puis se dégagea pour se déplacer de lui-même. "Quel adorable déjeuner," commenta sèchement Methos alors qu'ils atteignaient la rue. Duncan ricana brièvement. Methos grimaça également; l'enfant des Highlands était tellement amusant. Il se sentait si concerné par ce qui était bien ou mal. Methos avait réalisé depuis longtemps qu'il n'y avait que trois choses dans le monde qui importaient vraiment: la puissance, le plaisir, et la fraternité. S'il n'avait pas toujours pensé cela, cela n'avait aucune importance aujourd'hui. Methos était bien conscient qu'il intéressait MacLeod. Cela ne rendait la trahison à venir que plus douce. Caspian pouvait préférer les tourments physiques, mais cela n'était rien comparé à la beauté pure et la puissance de l'angoisse mentale. L'installation talentueuse de la situation, les jeux mentaux, le frissonnement à la manipulation de sa proie, tout cela formait la sombre ruée de la trahison. La souffrance vite enterrée --le reste de ses jours moins illuminés-- était un rappel nécessaire du prix à payer lorsqu'on devient attaché. La trahison serait suivie par la chasse, puis la mort de l'infortuné. Methos n'était pas encore prêt pour l'inévitable trahison. Duncan lui faisait confiance, jusqu'à un certain point, mais la profondeur de l'émotion nécessaire à une vraie trahison n'était simplement pas présente. Il était une connaissance de MacLeod, rien de plus, mais cela servirait parfaitement comme base de la déception. Que pourrait-il offrir au Highlander pour épaissir le lien entre eux? Il avait déjà donné son aide -- librement et "sans profit personnel aucun". MacLeod n'avait aucun problème immédiat à résoudre; et alors que Methos *pourrait* lui donner la localisation de nombreux de ses ennemis, cela ne l'attirait pas. Non seulement Duncan se demanderait-il d'où il tirait ses informations, mais Methos n'était pas sûr qu'il voulait aider MacLeod à jouer "le défenseur de l'innocent". Une fois était une exception, un stratagème; plus serait une perte d'hommes qui pourraient être utiles plus tard. Qu'y avait-il d'autre? Il pourrait offrir ses conseils à Duncan, mais pourquoi Duncan devrait-il écouter "Adam Pierson", ou s'occuper de ce qu'il disait? Peut-être pourrait-il demander de l'aide a MacLeod? Le généreux Ecossais avait une affection particulière pour son tristement célèbre petit "clan". Cette dernière idée était prometteuse, décida-t-il. Mais dans quel genre de danger serait "Adam"? Un Immortel le chassant était la menace la plus évidente. Methos fronça les sourcils. MacLeod le considèrerait comme faible s'il ne pouvait gérer un simple défi de lui-même. Cela ne faisait *certainement* pas partie du plan. L'esprit subtil de Methos fit le lien entre ses options précédentes. Pas un défi ordinaire-- un défi terrifiant. Un homme chassant Methos, le légendaire plus vieil Immortel. L'idée avait un certain potentiel. L'autre Immortel venait le chasser, et Methos allait voir MacLeod -- confessant son identité et se demandant désespérément comment être hors de danger. Mieux encore, il prétendrait n'avoir pas tué d'autre Immortel depuis, disons, deux cents ans? Le pauvre plus vieil Immortel, rouillé et en danger. Methos ricana, prenant plaisir aux diverses couches de son scénario. Ce n'était pas sans risque, évidemment. Il devrait révéler son identité, non seulement à MacLeod, mais aussi à l'autre Immortel. Son identité était gardée prudemment de nos jours, et jamais *utilisée* à part par ses frères. Ce n'était pas par peur, mais par commodité. Il ne se dérobait pas aux batailles -- il accueillait la plupart avec impatience-- mais la continuelle file d'attente serait fatigante, incommode, et interfèrerait avec ce que Kronos avait prévu. Si Methos révélait son identité, il croyait à la fois que Duncan serait assez honorable pour la garder secrète et que l'Immortel le chassant serait assez avide pour vouloir la tête de Methos pour lui seul, et ne risquerait pas la compétition qui en résulterait s'il divulguait l'identité de Methos. Methos ricana diaboliquement. Rien ne valant la peine d'être fait n'allait sans risque. Si l'autre Immortel battait MacLeod, ou devenait impossible à contrôler, Methos s'occuperait de lui. Si tout le reste échouait, Kronos le ferait volontiers. Qui serait la cible? songea Methos. Il devait être quelqu'un d'intelligent, ou MacLeod ne croirait jamais qu'il soit rien d'autre qu'un pion. Quelqu'un d'intelligent pourrait traquer Methos, raisonna-t-il. Cela serait mieux si le chasseur avait la réputation de chasser des Immortels expérimentés, ou de chercher le pouvoir. Methos retourna sur la base de données des Cavaliers et survola rapidement les noms. Il mit la plupart de côté directement. Il recherchait un type bien spécifique d'Immortel. Parfait, il se dit, arrivant à l'un des noms. Celui-ci n'avait jamais rencontré les Cavaliers; en fait, il les évitait totalement. Il n'avait aucune raison de penser que le piège viendrait de Methos lui-même. Il était intelligent, avait faim de pouvoir, et avait une histoire avec MacLeod. Methos révisa son jugement précédent. Mener cet homme à MacLeod rendrait MacLeod joyeux -- et ainsi plus généreux envers Methos. Le passé qu'ils partageaient assurait qu'ils se battraient quand ils se rencontreraient; Methos pourrait probablement éviter entièrement le combat, s'il le désirait -- non pas qu'il le fasse. mais plus important encore, *cet* homme ne serait pas un perte pour les Cavaliers. Eliminer la compétition était du bon boulot. Methos décrocha le téléphone et appela un de ses contacts mortels. Shane Dorian était un mesquin et vicieux petit homme qui s'était plus d'une fois rendu utile auprès de Methos. Il était discret dans ses affaires --ce qui était toujours essentiel pour Methos-- et il gardait toujours le silence d'une tombe quant à chacun de ses boulots, non car il craignait les représailles, mais plutôt parce qu'il était assez intelligent pour reconnaître une bonne politique. "Dorian", annonça sèchement la voix à l'autre bout de la ligne. "J'ai du boulot pour toi, Shane", expliqua brutalement Methos. Shane n'avait aucune patience quant à tourner autour du pot, et Methos avait travaillé avec lui assez longtemps pour respecter cela. "Chris", identifia Shane d'un ton moins bourru. "De quoi as-tu besoin?" "Que tu déposes une information: deux noms à un certain individu, ainsi qu'un lieu." "C'est un contact?" s'enquérit Shane, prêt à renoncer à savoir si son client ne voulait le dire. Shane respectait l'intimité. "Un appât", corrigea Methos avec amusement, voulant satisfaire la curiosité de Shane. Cela n'irait pas plus loin que lui. "Caractéristiques?" questionna Shane, tout à leurs affaires. Methos sourit ironiquement, et les lui donna. "Oh, Shane?" ajouta Methos. "Envoie quelqu'un dont tu pourras te passer." Shane apprécia l'avertissement; avec celui-là, il était toujours conseillé de les suivre. "Plus cher s'il meurt", déclara Shane. Son client rit, pas le moins du monde perturbé par cela. "Bien sûr", acquiesça-t-il. "La moitié avant, sans compter le prix de la mort, et la moitié après." "J'enverrai l'argent à tes comptes habituels." "Pas celui de DeSale", corrigea Shane. "Je me rétracte de celui-ci. Les autres sont toujours valides." "Bien", acquiesça Methos. La lueur plaisante d'une toile de traîtrise bien filée le rendait inhabituellement aimable et amical. Shane était familier avec sa réaction. Il priait Dieu que ce ne soit jamais dirigé contre lui. "Je veux savoir quand il vient pour moi, aussi", indiqua Methos avant de raccrocher. "J'ai presque pitié de cet homme", murmura Shane alors qu'il raccrochait. --------------------------- Fin de la partie 4/10 --------------------------- Methos utilisa intelligemment les deux semaines suivantes de silence de la part de Shane. Il rencontra MacLeod plusieurs fois, toujours dans un endroit relaxé, et toujours quand il y avait autre chose sur lequel se concentrer. Il parla un peu à Duncan de son passé, assez pour le laisser savoir qu'il avait plus que quatre cents ans, mais pas assez pour révéler son vrai âge. A son chagrin, il trouva que ses histoires réveillaient d'anciens souvenirs d'avant qu'il ait rejoint ses frères. C'était le temps duquel il devait s'inspirer le plus, et ses souvenirs n'étaient pas tous si terribles. Le plaisir rappelé le désarçonna; c'était un rappel non-désiré du fait qu'il n'avait pas toujours été ce qu'il était, et de ce que, s'il le souhaitait, il pourrait redevenir. Il repoussa les souvenirs avec la consolation de sa fraternité, l'amour le plus fort. Elle endurerait tous les temps et serait là quand le monde ne serait plus que cendres et chaos. Methos était une créature de changement et de survie. Il avait abandonné le deuil du passé il y a longtemps. Ce qui était dit était vrai: il ne pourrait jamais revenir en arrière, juste aller de l'avant. Pourtant -- il se rappelait... L'appel de Shane calma la confusion restante. Il ne pouvait se permettre d'avoir un esprit embrouillé, et par nécessité --avec une grande expérience-- il se concentra sur le prochain jeu où il lui faudrait survivre. Quant à tout ce qu'il avait fait, ce jeu avait des couches qui pourraient s'avérer dangereuses s'il n'y prenait garde. Il considéra ses options, et décida de rencontrer d'abord son chasseur à l'approche. S'il allait voir Duncan avec la preuve qu'il était chassé --preuve que la chasseur pourrait simplement vérifier en rencontrant Methos avant que Methos n'aille voir Duncan-- il n'y aurait aucune question sans réponse possible quant à *comment* Methos savait qu'il était chassé sans avoir vu son chasseur. Methos n'allait que très peu laisser les circonstances de la rencontre à la chance. Il en faisait un point d'honneur que de planifier autant que possible, et ensuite d'improviser sur ce qui ne pouvait être prévu. Cette rencontre ne serait pas une exception à sa règle générale. Il déménagea sa résidence officielle à un bâtiment commode près de la Seine. L'endroit le plus logique pour que le chasseur le trouve, raisonna Methos, serait dans sa maison, et il planifia tout à partir de cela. Il fit d'autres plans si l'homme allait le trouver où il travaillait, mais dans un centre-ville très peuplé, il doutait que ce soit le cas. Methos ne s'était pas trompé dans son calcul. Trois jours plus tard, il retourna "chez lui" avec l'alarme mentale frissonnante d'un autre Immortel. La châtiment qu'il avait cherché se montra, l'épée déjà à la main. "Le légendaire Methos, je suppose", commenta-t-il doucement, en rien menaçant par ses charmantes manières. "Peut-être", admit calmement Methos. "Pas besoin de ça", l'autre le gronda-t-il. "J'ai lu ton journal. Très gentil de ta part de le laisser pour moi." Sa voix était calme et doucement amusée; il aurait pu discuter de quelque chose d'aussi banal que de ce qui était prévu pour le dîner. "Ca a du être superbe d'en voir autant. Dommage que tu ne doives plus rien voir." "Un peu prématuré, non?" demanda Methos, prenant exactement le même ton. "Nous verrons", déclara son adversaire. "Je dois dire que je suis surpris de te trouver ici." "Pourquoi cela?" s'enquit Methos. "Paris est la résidence de mon bon ami Duncan MacLeod. Je me demande ce qu'il penserait de savoir ce qui se cachait dans sa ville." Methos grogna. "Pourquoi ne pas aller lui demander?" suggéra-t-il. "Je ne pense pas", répondit l'homme avec un petit sourire. "Je ne veux pas le revoir pour l'instant -- tout du moins pas avant d'avoir ta tête." "Je ne pense pas que tu rencontrera MacLeod de sitôt", rétorqua aimablement Methos. "C'est là que nos opinions diffèrent", déclara calmement l'homme, puis il attaqua. Methos bloqua l'attaque, ne se battant qu'afin de rester en vie. Il faisait attention de ne pas montrer trop de talent; cela ne servirait à rien de gagner le combat. Il recula plutôt vers la rivière et le pont qui la traversait. Il permit à l'homme de le désarmer. Avec un dernier regard indéchiffrable, Methos sauta par dessus le bord du pont dans les eaux torrentielles en dessous. L'homme les fixa avec frustration avant de s'en aller. Methos arriva à la péniche de Duncan encore trempé et sentant l'eau de rivière. Sa façon de toquer vivement contre la porte trahissait une urgence qu'il ne ressentait pas. Duncan ouvrit prudemment la porte, son katana à la main, puis l'accueillit. "Adam, que se passe-t-il? Que s'est-il passé? Etes-vous *mouillé*?" questionna Duncan, incrédule. "Oui, Highlander, je suis *mouillé*", dit sèchement Methos, exaspéré. "C'est ce qui se passe quand les gens tombent dans les rivières. Puis-je entrer, ou préférez-vous que je gèle?" "Désolé", répondit automatiquement Duncan, dégageant le passage afin de laisser son aîné passer. "Comment avez-vous fini dans la rivière? C'était un autre Immortel", supposa-t-il, n'attendant pas la réponse de Methos, "ou vous seriez allés à votre maison, pas la mienne. Qui était-ce?" "Xavier St Cloud", déclara Methos, se débarrassant de son trench-coat horriblement trempé. Il s'étala sur le canapé, plus épuisé qu'il ne voulait l'admettre par sa nage dans la rivière. Son compagnon devait toujours parler -- il avait à lui répondre. "MacLeod?" il demanda. "Pourquoi Xavier vous chasserait-il?" questionna Duncan, le ton lourd de scepticisme. "Il ne fait rien qui ne lui soit d'aucun profit immédiat, et il ne combat que lorsque cela sert ses fins." "Il suppose -- il *connaît*", se corrigea Methos, "-- mon identité." "Votre identité", répéta Duncan, son incrédulité se changeant en intérêt. Methos l'étudia avec attention. C'était sa dernière chance de faire demi-tour. Il pouvait donner un faux nom et passé à Duncan, tuer Xavier, changer d'air -- ou il pouvait emmener ce jeu au niveau suivant. "Xavier veut, plus que toute autre chose, le pouvoir, MacLeod. Qu'est-ce qui lui donnerait plus de pouvoir que de prendre la tête du plus vieil Immortel vivant?" Duncan le fixa: "Methos?!" Methos hocha à moitié la tête, un sourire amusé effleurant ses lèvres. Tout dangereux que cela soit, regarder la réaction de quelqu'un à la découverte de son identité lui faisait toujours plaisir. Duncan secoua la tête en étonnement accablant. "Je croyais que vous étiez une légende", commenta Duncan, incapable de se débarrasser de son étonnement. "Il est bon d'être un mythe; personne ne chasse un mythe." "Xavier le fait." "Oui", acquiesça Methos, détournant son regard. "J'étais prudent. Je ne sais pas comment il m'a trouvé. Pendant deux cents ans j'ai réussi à rester en dehors de ce sacré Jeu, et maintenant *cela*." "Deux cents ans?" demanda Duncan avec surprise. Methos soupira. "Je n'ai plus de pratique. Si nous ne nous étions pas battus près d'une rivière, Xavier m'aurait pris -- et après ça, il serait allé après vous." Duncan le fixa, choqué. "Xavier vous hait, MacLeod; pour cela seulement il viendrait après vous. Si vous m'abritez, il ne pourra résister." Les yeux de Methos brillèrent d'une soudaine inspiration. Il avait toujours été doué pour l'improvisation. Il se leva et se déplaça vers là où MacLeod avait posé son katana contre le mur, son dos à MacLeod. "Xavier m'a presque tué aujourd'hui, Highlander", déclara Methos, presque inaudiblement. Duncan devait tendre l'oreille pour entendre. "Qu'est-ce qui le stoppera la prochaine fois? S'il prend mon Quickening, il sera capable de vous prendre aussi." Methos saisit le katana, se tournant doucement pour faire face à Duncan de nouveau. Duncan se demanda, avec un frisson de peur, si oui ou non Methos avait prévu d'augmenter ses propres formidables capacités en prenant la tête de Duncan. Methos fit tourner la lame de l'autre côté d'un mouvement rapide. Il tendait un bras en face de lui, tenant la poignée. L'autre main guida gentiment la lame à son propre cou. A l'intérieur, Methos était pantelant de joie. Offrir sa tête à MacLeod inspirerait à l'homme dix fois plus de confiance pour lui que désormais. Le noble Ecossais ne la prendrait jamais, bien entendu. Il était contre son honneur de tuer un homme désarmé, spécialement s'il considérait cet homme comme un ami. Methos se contrôlait; aucune de ces pensées ne se montrait son visage sérieux. "Il peut me battre. Il pourrait vous battre. Il ne peut nous battre tous deux", raisonna Methos. Duncan l'étudia, son expression insondable. Il se leva brusquement. Methos se tendit, bien qu'il ait l'air détendu. Si Duncan était en fait prêt à prendre sa tête, il était prêt à s'éloigner. Duncan traversa le petit espace, se déplaçant avec la grâce d'un prédateur. Il repoussa avec colère la lame loin du cou de Methos. "Jamais", déclara-t-il sans se compromettre. "Je n'achèterai pas ma vie à ce prix; mon honneur non plus n'est pas si bon marché. Tu es mon ami, Methos, et je ne te perdrai pas contre Xavier." Il y eut un silence tendu entre eux, puis Methos abaissa l'épée. "Alors que fait-on? J'ai perdu mon épée en combattant Xavier et je ne veux pas retourner à mon appartement désarmé, si j'y retourne." "Tu peux rester avec moi", offrit Duncan immédiatement. "J'ai une épée de rechange que tu peux aussi utiliser. Xavier attendra probablement ton retour à ta maison. Je le rencontrerai là." "Ce n'est pas ton combat", argumenta Methos, une protestation symbolique. "Lui et moi avons une affaire à régler", dit doucement Duncan, tendant la main pour le katana. Methos lui donna sans un mot. Duncan sortit de la pièce et y rentra quelques minutes plus tard avec une large épée. "Cela ira?" Methos hocha la tête, acceptant l'arme. Il se sentait mieux maintenant qu'il avait une épée. Il ne pouvait pas tout faire avec des couteaux. "Je serai de retour quand je me serai occupé de Xavier", promit MacLeod, glissant le katana dans son trench-coat et sortant par la porte. Methos lui laissa cinq minutes puis le suivit. Quand il arriva à sa résidence temporaire, MacLeod et Xavier se battaient déjà. Ils étaient de force presque égale, nota Methos, faisant attention à rester hors de distance sensible, mais MacLeod semblait avoir l'avantage en talent. Les deux hommes se battaient dans un silence concentré, et à la fin, le talent de MacLeod gagna. Même dans la défaite, Xavier avait une dignité calme. Il ne demanda pas pitié, et Duncan ne l'offrit pas. Quand le Quickening illumina le ciel, Methos retourna à la péniche avant que MacLeod ne le remarque. --------------------------- Fin de la partie 5/10 --------------------------- Le plan s'avéra meilleur que ce que Methos espérait. Duncan était si confiant. Il était à la fois en admiration devant l'âge de Methos, et faisait confiance aux rares conseils de ce dernier. C'était une amélioration, mais ce n'était pas assez. Methos voulait que le lien soit encore plus serré, pour que la coupure de la trahison soit encore plus profonde. Il devait y avoir quelque chose dans le passé de Duncan qui marcherait. Peut-être un ami que Methos aiderait à secourir? Avec la "menace" Xavier réglée, il n'y avait plus de raison pour que Methos reste à la péniche. Il remercia MacLeod pour son aide et disparut vers le repaire de Kronos pour accéder à ses dossiers, à la recherche d'une autre cible. Avec un dernier regard irrité à l'ordinateur, il l'éteint et temporairement abandonna. Cela lui viendrait, mais pour l'instant il décida d'aller rencontrer ses connaissances mortelles pour le déjeuner, et d'en apprendre plus sur leurs dernières affaires. Il apprit de Jenna Michaels, une employée et une des filles avec lesquelles il avait eu une petite et occasionnelle affaire, que Kristin Gilles ouvrait une nouvelle agence aux USA. Jenna était connue pour sa dépendance envers ce qu'elle appelait Œle sommet de la mode', et elle infligeait sa fascination à ses collègues. Pourquoi elle était devenue une secrétaire de cadres plutôt que de tenter sa chance dans l'univers de la mode était quelque chose que Methos n'avait jamais compris, mais il n'allait pas s'interroger à ce sujet alors que cela l'inspirait ainsi. Car Methos se rappelait qu'il y avait une certaine tension entre MacLeod et Kristin. Elle n'était d'aucune utilité aux Cavaliers, sa mort ne serait pas une grosse perte, et elle était une femme. Elle était parfaite. Forcer Duncan à examiner ses codes moraux si rigides pourrait se trouver être infiniment divertissant. Il appela Kristin avec un deal lucratif: il sponsoriserait une autre agence de mannequins à Paris en retour d'un partenariat silencieux. Bien sûr, Kristin devait venir à Paris personnellement pour s'occuper des arrangements. La femme était excitée, et assez crédule pour offrir de venir sur le prochain vol. Methos la rencontra à l'aéroport, remarquant sa surprise quand elle découvrit qu'il était Immortel. Il la coupa avant qu'elle ne puisse faire la moindre remarque. "Vous êtes Immortelle?" demanda Methos avec surprise. "Je pourrais dire la même chose de vous," commenta Kristin, retrouvant son aplomb. "Cela répond à la question de si oui ou non vous avez l'argent nécessaire à couvrir l'ouverture." "En effet," répondit Methos, remarquant son expression rapace. Il serait follement facile de la mener à son lit. Il connaissait son histoire avec MacLeod. La femme devenait sexuellement obsédée par tout homme Immortel avec qui elle partageait son lit. "Je pense que nous allons bien nous entendre, Kristin." Il susurra son nom, retournant son examination par sa propre examination lascive. Kristin lui sourit suggestivement en retour, et les deux Immortels s'en allèrent chercher un peu d'intimité. Il était aussi facile que Methos espérait de devenir le centre de son univers. La chose qui facilita ceci plus que tout fut une dépendance pour elle. Methos feint de ne rien connaître des bonnes manières, et la laissa l' "instruire". MacLeod avait fait la même chose, bien que pour lui ce n'était pas un jeu. Cette dépendance la faisait se sentir utile, et une fois qu'il eut établi sa jalouse possessivité, il avait prévu de passer à la seconde partie de son plan. Ce qui rendait Kristin meurtrière --et l'avait toujours fait-- était de perdre l'amour de "son" homme à une autre. Methos comptait bien utiliser cela à son avantage. Il lui tendit une embuscade dans la spacieuse maison qu'elle avait louée pour son séjour à Paris. "Kristin?" demanda Methos avec hésitation, ouvrant la porte de son bureau. "On peut parler, si tu n'es pas occupée?" Kristin releva la tête de ses paperasseries. "A propos de quoi?" demanda-t-elle avec irritation. Elle voulait que tout soit à *sa* commodité, nota cyniquement Methos. Il prit cette réponse comme un Œoui' et s'approcha d'elle. "Kristin, tu es une merveilleuse femme, tu as toujours été bonne avec moi, mais je pense qu'il est temps que nous nous séparions," dit incertainement Methos. "Qu'est-ce que tu veux dire?" demanda Kristin. "Tu ne m'aimes pas? Tu disais que tu m'aimais." "Je sais. Crois-moi, je n'ai jamais voulu te blesser. Je pensais *vraiment* t'aimer, mais ce n'est pas le cas. Je suis désolé, Kristin." "Il y a quelqu'un d'autre, n'est-ce pas?" Kristin rencontra son regard graduellement, le premier indice de rage derrière son calme. S'il appréciait les femmes psychotiques, comme Caspian, il aurait pu rester. Au lieu de cela, il hocha la tête. "Qui est-ce?" insista Kristin. "Est-ce que ca compte vraiment?" demanda Methos. Elle se leva, furieuse. "Si tu comptes me quitter, tu peux au moins avoir la courtoisie de me dire *pour qui* tu me quittes", grogna-t-elle. "J'aime Jenna," admit-il. Il n'aurait pu rendre plus aisé le travail de Kristin s'il avait peint une cible sur le dos de Jenna. Quel genre de chevalier n'avait pas de demoiselle en détresse? "Cette petite allumeuse qui travaille pour toi?" identifia Kristin, outragée. "C'est une femme merveilleuse," lança Methos, feignant de la colère à l'insulte de Jenna. Pauvre Jenna, elle ne savait pas qu'elle était son seul grand amour; elle ne savait même pas qu'ils avaient une *relation*. "Aussi *merveilleuse* que moi?" grogna Kristin, lui rejetant ses précédents mots à la figure. "Au revoir, Kristin," dit-il fermement, refusant de répondre à son attaque, et se retourna. Il pouvait la sentir enrager derrière lui, et esquiva l'épée attendue. Il la désarma, jeta son épée derrière son bureau, et la poussa au sol. "Au *revoir*, Kristin," répéta-t-il, ne laissant place à aucune dispute ou tentative de persuasion, puis s'en alla. Il s'était arrangé pour rencontrer MacLeod pour le dîner, installant avec attention les évènements pour qu'ils coïncident exactement. La mort de Jenna ne lui ferait aucun bien s'il ne pouvait "apprendre" son destin par MacLeod à temps. MacLeod lui sourit et lui indiqua un siège. "Es-tu jamais tombé amoureux d'une femme alors que tu étais impliqué avec une autre?" demanda abruptement Methos, s'affaissant dans la chaise offerte. "Oui," acquiesça Duncan, se demandant ce qui embêtait son ami. "Oui," soupira Methos. "Moi aussi. Je tiens à Kristin, mais je ne l'aime pas. Elle n'a pas bien pris notre rupture." Duncan hocha la tête avec compassion. "Je ne voulais pas la blesser, mais il n'aurait été juste pour aucun de nous de rester avec elle alors que je suis amoureux de Jenna; cela n'aurait fait qu'occasionner plus de mal. J'ai bien cru pendant une minute que Kristin allait prendre ma tête." MacLeod le fixa. "Kristin est..." "Une des nôtres? Oui," répondit Methos, haussant nonchalamment les épaules. Duncan se pencha en avant, parlant distinctement. "Etait-ce Kristin Gilles?" Methos hocha doucement la tête, apparemment surpris. "Lui as-tu parlé de Jenna?" "Oui, oui je l'ai fait," répondit lentement Methos, comme s'il n'était pas sûr de voir où MacLeod voulait en venir. "Nous devons trouver Jenna," insista Duncan, mettant Methos sur ses pieds. "MacLeod!" protesta Methos. "Pourquoi?" "J'ai eu une relation avec elle une fois. Elle a tué la mortelle de qui j'étais tombé amoureux," expliqua sinistrement Duncan. L'expression de Methos devint horrifiée. "Jenna," réalisa-t-il. Il se retourna et courut vers sa voiture, entendant MacLeod courir après lui. Il ouvrit la porte et se glissa précipitamment dans le siège du conducteur. Il attendit que MacLeod fut à côté de lui, puis démarra sur les chapeaux de roues. Cela lui prit bien vingt-cinq minutes pour attendre la maison de campagne de Jenna. Methos pensait presque qu'ils la trouveraient morte, et Kristin partie, mais ils purent sentir la femme dès qu'ils s'arrêtèrent. Ils se séparèrent dans la spacieuse maison, cherchant un signe de Kristin ou Jenna. A sa plus grande irritation, Methos trouva d'abord Jenna, la tête la première dans la baignoire, et probablement droguée si Kristin suivait son mode d'opération habituellement. Il pesta, sachant qu'il ne pouvait se permettre que Duncan le suspecte de ne pas avoir essayé de sauver la fille, et Jenna *était* utile pour ses opérations sous couverture. Il n'y aurait eu aucun sens à gaspiller des ressources, décida-t-il. Methos attrapa Jenna par sa chemise trempée et la tira rudement hors de la baignoire. Elle était couchée sur le sol, ne respirant pas. Methos abattit fortement et à plusieurs reprises sa main sur son dos, essayant de faire sortir l'eau de ses poumons. Cela avait du marcher, car Jenna exhala le liquide mortel sur le sol de la salle de bains et prit une respiration laborieuse. Elle reposait là, haletante, alors que Methos la laissait pour partir à la recherche de Kristin. Il savait qu'il était trop tard en arrivant dans les champs partiellement boisés et éclairés par le clair de lune derrière la maison. Duncan et Kristin se tenaient déjà là, les épées sorties. Il ne pouvait entendre leur conversation, et s'approcha donc. "Pourquoi, Kristin?" demanda Duncan. "Tu sais que lorsque j'avais vingt ans, Duncan, j'étais la plus belle femme sur tout le continent?" Duncan fronça doucement les sourcils. Ce n'était pas une réponse. "Tu es toujours très belle," admit-il. "Ah oui? Montre-le moi," implora Kristin. "*Prouve*-le moi." Duncan secoua doucement la tête, refusant sa demande et sa piteuse sensualité. "Cela ne prouverait rien, Kristin," réprouva-t-il doucement. L'expression de Kristin se durcit. "Alors meurs," cracha-t-elle. Elle plongea, désespérée. Elle n'était pas une combattante talentueuse, et Duncan était bien plus que simplement compétent. Il la désarma avec une étonnante facilité. Il hésita. Methos pouvait le voir de là où il se trouvait. Il est faible, pensa Methos avec dédain. Elle est une menace pour lui, et il hésite encore --parce qu'elle est une femme, et qu'elle avait été son amante. De traîtres souvenirs se levèrent, lui rappelant Cassandra -- une femme, et aussi son amante. Il ne pourrait pas plus la tuer que Duncan ne pouvait tuer Kristin. Il voyait le Highlander avec...non de la pitié, mais de la compréhension. Il savait alors que Duncan serait incapable de finir ceci, pas plus que Methos n'avait pu condamner Cassandra à mourir des siècles auparavant. Methos alla furtivement jusqu'à la partie couverte par les arbres, jusqu'à ce qu'il soit sur le chemin le plus probable que Kristin emprunterait pour s'enfuir. Elle ne se risquerait pas à retourner vers la maison, pas alors qu'il pouvait s'y trouver, elle couperait donc par les bois de ce côté-ci pour atteindre la route derrière lui. Il observa Duncan grogner un avertissement à Kristin, lui conseillant de rester éloignée de lui ou Adam Pierson. Kristin restait sur place, n'osant y croire, puis elle saisit son épée et courut -- directement vers Methos. Il fit un pas dans la lumière alors qu'elle arrivait à distance sensible. Elle s'arrêta, le fixant, ébahie. "On part sans dire au revoir, Kristin?" plaisanta-t-il malicieusement, sachant que sa voix était trop basse pour que Duncan puisse l'entendre. Elle leva son épée de ses membres tremblants, un désespoir épuisant ravageant ses traits d'habitude jolis. "Je l'ai fait parce que je t'aimais!" implora-t-elle, tentant de se dégager de cette situation en parlant, comme elle l'avait toujours fait. Il rit d'une joie sombre. "Cela ne me touche en rien," déclara-t-il froidement, son masque placide détruit par de la malice pure. "Qui *es*-tu?" demanda-t-elle, terrifiée par l'*irréalité* de son expression. "*Qu*'es-tu?" "La Mort," susurra-t-il, la contournant de manière à ce que son dos soit face à Duncan. Elle laissa tomber son épée et courut. Methos sprinta derrière elle, la rattrapant en quelques enjambées. Il attrapa cruellement son bras, la faisant se retourner rudement. Elle s'effondra, en sanglots. Il repoussa les images de ce qu'il aurait pu lui faire --si Duncan n'avait été là-- alors qu'elle était si superbement soumise et terrifiée. Il la contourna de nouveau, l'épée à sa gorge. Kristin recula à genoux, essayant avec panique de se détacher de l'institante pression sur sa gorge. "Ramasse-la," commanda Methos, ne laissant aucune place à la désobéissance. Kristin réalisa qu'il parlait de son épée --maintenant dans sa main. Methos sourit sardoniquement. Duncan lui pardonnerait peut-être de tuer une femme, et son amante, mais pas si elle était désarmée et demandait pitié. Kristin avait du mal à tenir l'épée, qui bougeait instablement en face d'elle. Le désespoir la marquait, et Methos ricana avec un sombre plaisir. Les lames se rencontrèrent cinq fois avant qu'elle ne soit désarmée. "Penses-tu que je serai chevaleresque? Que je t'épargnerai comme MacLeod l'a fait? Je suis né *bien* avant la chevalerie," murmura-t-il. "Pitié," supplia-t-elle, son visage marqué par les larmes. "Tu demandes de la pitié au mauvais homme," répondit la Mort. Kristin vit l'épée arriver, tenta de s'en détourner, puis il n'y eut plus que de la lumière. Le Quickening se lança dans l'air, ombre furieuse de l'obscurité, laissant à Methos un bref aperçu du regard désillusionné, suspicieux et réévaluant de Duncan avant que l'oubli électrique ne le transperça. --------------------------- Fin de la partie 6/10 --------------------------- Duncan observa la confrontation entre Methos et Kristin. Logiquement, il savait qu'il n'avait aucune raison pour intervenir. Methos avait le droit de la défier, comme tout autre Immortel, se rappela Duncan, et Methos était simplement en train de neutraliser une menace pour lui-même et celle qu'il aimait. Il avait le droit de protéger Jenna, même si Duncan ne le pouvait. Peut-être son appréhension venait-elle du fait que Methos finissait quelque chose qu'il n'avait pu. L'expression froide et inhumaine qui illumina le visage de Methos était celle qu'il avait probablement lui-même portée de nombreuses fois,se dit inconfortablement Duncan. C'était ce que *faisaient* les Immortels. Cette lutte entre deux ennemis était normale, attendue. Il n'avait aucune raison de se sentir si...déconcerté par les actions de Methos. Methos ne faisait que ce qu'il avait à faire. S'il y prenait plaisir...c'était excusable. Il y avait eu des moments où Duncan avait apprécié le sombre frisson du combat d'Immortels. Ce n'était pas anormal. Ca ne l'était *pas*. Duncan s'en était presque convaincu, malgré la brutalité nonchalante de Methos. C'était la négligence de Methos pour sa décision qui le mettait hors de lui, décida Duncan. Duncan avait accordé grâce à Kristin, et Methos avait révoqué cela. De par ses actions, Methos intervenait directement dans un défi, même si Kristin et lui n'étaient pas *en train* de se battre à ce moment-là. C'était pourquoi il était autant en colère, raisonna Duncan. Non pas à cause de Methos, à cause de lui-même. Il avait le droit d'être furieux. Methos n'aurait pas du intervenir! Duncan s'en alla à grands pas, confus et désireux --ayant besoin-- de croire en ses propres conclusions logiques. Parce qu'il n'y avait pas d'autre solution qui soit à son goût. Methos retrouva doucement l'usage de ses sens, et prit immédiatement conscience qu'il était seul. Que Duncan soit damné! Pourquoi était-il parti? Qu'est-ce que Methos avait mal calculé? Duncan devrait être reconnaissant de l'intervention de Methos; que soit damné son code de chevalerie de toute façon! Il se releva péniblement et se dépêcha de retourner là où ils avaient laissé la voiture, pour se rendre compte que l'autre était en effet déjà parti. Dans la seule voiture. Methos jura; peut-être serait-il mieux d'abandonner simplement ce petit jeu. De prendre la tête du gosse et d'en avoir fini. Il ne considérait pas vraiment cette option; il s'était déjà donné trop de mal. Quoi que ce soit qui ait mal tourné, cela pourrait être réglé. Il s'arrêta assez longtemps pour tirer son manteau et le fermer. Il n'y avait aucune tache de sang, mais c'était une nuit froide. Il se renfrogna, et débuta la longue marche jusqu'en ville. S'il avait osé le risquer, il aurait appeler un taxi depuis la prochaine maison. Malheureusement, il ne pouvait se permettre d'être vu et reconnu près d'un lieu de crime. On se rappellerait d'un inconnu, et avoir son nom lié à un meurtre ne rendrait pas Kronos joyeux. Cela lui prit une demi-heure pour rejoindre une station de métro. Cela lui prit une autre demi-heure jusqu'à ce que le train de huit heures n'arrive. Il paya son ticket, rageant. Il était très *très* tenté de prendre la tête de MacLeod et d'en avoir fini. Patience, se conseilla-t-il, pas encore. Sa colère frémissait sous sa façade placide, une tension contrôlée. MacLeod ne s'en tirerait pas à si bon compte. Il quitta le train en ville et prit un taxi jusqu'à l'entrepôt de Kronos. Il y resta juste assez de temps pour prendre une voiture, puis se dirigea vers la péniche de MacLeod. MacLeod n'était pas en vue quand Methos arriva à la péniche, mais le frisson lui indiqua sa présence. Methos monta la rampe quatre à quatre et ouvrit la porte. Descendant les escaliers, le première chose qu'il remarqua était MacLeod performant un kata au milieu de la péniche. La seconde fut que tous les meubles avaient été repoussés sur les côtés, lui faisant place. Il doit être furieux, réalisa Methos. Bien, pensa-t-il rancunièrement. "Crois-tu qu'elle se serait arrêtée?" demanda-t-il, étouffant sa colère. "Elle tuait des *mortels*, Mac. Elle aurait tué Jenna. Que voulais-tu que je fasse? La laisser encore tuer?" "Je ne sais pas!" cria Duncan. "Mais elle n'avait pas à mourir!" Duncan s'en tenait stupidement à ses conclusions. Il était en colère à cause de l'intervention de Methos, *pas* à cause de ce qu'il avait vu sur son visage. "Si, il le fallait!" lui cria Methos. "Elle était un danger pour Jenna; elle était un danger pour toi; elle était un danger pour moi!" "Elle n'était *pas* un danger!" insista irrationnellement Duncan. "Si! Chaque fois qu'on la laisse aller, une autre mortelle meurt. Comme ta mortelle. Presque comme *Jenna*. Elle m'aurait tué, *moi*, --sans honneur ni justice-- si je n'avais pas anticipé son action." Duncan était silencieux, se rappelant quand elle tenta de le tuer, lui. "Le prochain Immortel pourrait ne pas être si chanceux, ni le prochain mortel." "Elle aurait pu s'arrêter," disputa Duncan, moins sûr de lui. Pourquoi est-ce que Methos devait avoir *raison*? "Elle a eu quatre cents ans pour changer. Elle avait besoin *d'être* arrêtée, MacLeod, et tu le sais." Il se tut pendant un moment, laissant MacLeod réfléchir. "C'est une superbe épée," commenta-t-il, changeant apparemment le sujet. "Puis-je la voir? La dernière fois que je l'ai vue, je n'ai pas eu le loisir de l'examiner." Il y avait un certain humour dans sa voix alors qu'il rappelait MacLeod qu'il lui avait offert sa tête. Cela surprit Duncan, détournant son esprit loin de sa colère et son incertitude. MacLeod hocha la tête, et la lui tendit. Methos l'examina soigneusement, puis amena la lame au cou de Duncan, son expression très sérieuse. "Ce n'est pas drôle, Methos," lâcha Duncan, l'évaluant prudemment. "Ce n'est pas censé l'être," rétorqua Methos, gardant la lame à la même place. "Comment as-tu vécu aussi longtemps? Tu fais *confiance* bien trop facilement. Tu l'aurais laissée s'en aller, même si tu *savais* qu'elle était un danger. Tu étais meilleur qu'elle. Oui. Tu étais plus fort qu'elle. Oui. Mais si tu continuais de la laisser s'en aller, un jour elle aurait eu de la chance. *Oui*. Crois-tu qu'elle t'ait pardonné?! Si elle avait su que tu étais ici, elle serait plutôt allée après ta tête. Et tu l'aurais laissée faire comme elle l'entendait." Methos retira l'épée; il avait fait passer son message. "Tu es mon ami, Duncan, je ne veux pas que tu perdes ta tête." Duncan étudia Methos un long moment, essayant de se rappeler pourquoi il avait été si en colère. Il s'était trompé, c'était évident. Il n'y avait rien de plus que ce qu'il n'y paraissait. son esprit lui avait joué des tours. Methos était son ami; Methos tenait à lui. Il avait neutralisé une menace --une menace pour Duncan aussi bien que lui-même-- c'était tout. C'était *tout*. Methos se retourna et partit, posant le katana sur une table déplacée en quittant la péniche. Brillant, se félicita-t-il, sa précédente colère épurée. D'abord offrir sa tête à MacLeod, puis avoir l'opportunité de le tuer -- et ne pas le faire. Duncan, quand il reviendrait de son choc, ne lui ferait que plus confiance. Tout simplement brillant. Methos donna un autre mois à MacLeod; un mois pour surmonter la mort de Kristin, pour comprendre que Methos avait eu raison --si pas raison, au moins était-ce justifié-- et pour s'assurer que la confiance était revenue. Le piège en avait valu la peine, même s'il avait fini avec une relation avec Jenna sur le dos. Il devait garder les apparences. A la fin du mois, Methos procéda afin de finir ce jeu. Il s'arrangea pour rencontrer Duncan dans la cour de l'ex-église de Darius le jour suivant. Il suffisait simplement d'inviter Kronos à y venir avec lui. Kronos, l'ennemi de MacLeod. Quel couteau couperait plus doucement que le mensonge d'un ami? --------------------------- Fin de la partie 7/10 --------------------------- Duncan fixait les deux hommes se tenant sociablement côte à côte dans la cour de l'église. Il les connaissait tous deux, mais il n'aurait jamais imaginé les voir ensemble. "Melvin Koren," cracha-t-il sous son souffle. Ce bâtard de psychopathe marchait à côté de Methos. Son ami. Duncan devait prévenir Methos à quoi il était confronté. Il ne permettrait que Koren blesse un de ses amis. Les deux hommes relevèrent la tête lorsque le frisson les parcourut, si plongés dans leur conversation qu'ils ne l'avaient pas remarqué plus tôt. Chacun le reconnut immédiatement. L'expression de Methos s'éclaircit en un indéniable signe de bienvenue; celle de Koren s'assombrit en une cruelle anticipation. "Duncan MacLeod", grogna Koren. "Melvin Koren", dit Duncan lentement, une colère serrée dans la prononciation de ce nom. Son sourire était aussi mauvais que celui de Koren. "Très bien. Nous nous sommes tous rencontrés," déclara sarcastiquement Methos. "Adam, tu ne sais pas à quoi tu as affaire," dit Duncan préventivement. "C'est un tueur." "Oh, il est bien pire que ça," dit légèrement Methos. Duncan le fixa avec incompréhension. "Methos?" demanda-t-il, incertain. "Allons, MacLeod," se moqua Methos. "Ne sois pas stupide. Ce n'est pas à Methos que tu parles." "De quoi parles-tu?" demande Duncan avec confusion. De la colère s'éleva, que voulait-il dire? "Tu te tiens en présence de la Mort, MacLeod," révéla malicieusement Methos. "Les Cavaliers," réalisa Duncan, de la furie et de la haine se mêlant en lui. Cet homme, qu'il avait appelé son ami, à qui il avait fait *confiance*, lui avait menti. Methos --la Mort-- était un tueur sans merci; il ne tenait à personne. Methos sourit avec bienveillance. "Quel garçon intelligent. Tu pourrais nous joindre, MacLeod," invita-t-il, gardant un ton amical. Malgré lui-même, il regrettait que Duncan ait, finalement, découvert ce qu'il était. Il se rappela les mots de Kronos, il y a longtemps. "T'es-tu attaché, mon frère?" "Et faire quoi? Diriger le monde?" dit Duncan d'un ton cinglant, essayant de cacher la douleur de cette trahison. Methos rit sombrement. "Nous le dirigeons déjà, MacLeod, nous quatre," révéla-t-il. Pas tout à fait exact, mais ils tenaient effectivement le monde en peur, et bientôt dirigeraient-ils véritablement le monde. Duncan secoua violemment la tête. "Rejoins-nous," demanda Methos, les yeux anormalement brillants. "Jamais," jura Duncan. Methos sourit méchamment. "J'espérais que tu dirais ça," confia-t-il. Il avait totalement glissé dans le personnage du Cavalier. Il n'y avait aucune place pour les émotions humaines ou l'attachement, il n'y avait que la Mort. "Je vous stopperai," promit Duncan, faisant par inadvertance un pas vers eux. "Tu essaieras," nargua Kronos. Duncan fit un geste pour s'emparer de son épée. "Ah ah ah," corrigea Methos, secouant la tête. "Pas sur la Terre Sainte, *Mac*." Le surnom familier sonna durement dans l'air. La main de Duncan s'immobilisa. "Que penserait *Darius*?" continua Methos, se moquant, son expression étant une caricature de chagrin horrifié. Duncan fixa les hommes avec furie. Son souffle devint court et il serra les poings afin de ne pas tirer son épée. "Bien sûr, tu es encouragé à marcher hors de Terre Sainte avec nous," invita Kronos, sachant bien que Duncan n'oserait pas, pas à deux contre un. "A la revoyure, Highlander," dit jovialement Methos, agitant irritablement sa main. Duncan voulait frapper le visage d'Adam jusqu'à ce que ce rictus en disparaisse. La Terre Sainte seule le stoppait. Les deux hommes passèrent près de lui et quittèrent le refuge de l'église. Duncan resta immobile par la force de sa volonté. "Que les jeux commencent," murmura Methos à Kronos. La Mort le laissa, la torpeur qui personnifiait la créature qu'il était devenu se déchirant. Les émotions humaines revinrent, mais c'était vague et flou. La Mort était un rôle comme un autre. Un plus vrai maintenant --avec Kronos à ses côtés-- que dans le passé, mais néanmoins un rôle. Comme toujours, Methos se perdait dans les rôles qu'il jouait, jusqu'à ne plus même se rappeler qui il était. Kronos sourit, mais ne dit mot. **** La sensation d'un autre Immortel fouetta le sommet de ses pensées comme Duncan arrivait à la péniche. Il fixa les portes, ne voulant *vraiment* pas avoir affaire à un autre Immortel maintenant. Il se rua à l'intérieur et claqua bruyamment la porte. La silhouette féminine attendant sursauta au soudain et fort bruit. Elle se retourna, et il l'étudia.Des cheveux châtain ondulés, élégamment arrangés, des traits d'elfe. Elle était en forme, athlétique, et habillée d'une manière plus pratique que stylisée. "Duncan MacLeod?" demanda-t-elle avec incertitude. "Oui," dit-il creusement, dédaignant l'audace dont elle avait fait preuve à pénétrer chez lui. "Que voulez-vous?" "Je suis Cassandra," se présenta-t-elle, un petit peu déséquilibrée par son ton semi-hostile, bien qu'elle dut s'y attendre, étant donné qu'il ne la connaissait pas et qu'elle *était* entrée par effraction chez lui. "Vous connaissez mon professeur, Ceyrdwinn." Duncan hocha la tête. "Pourquoi êtes-vous là?" insista-t-il, sa posture toujours interdite. "Je voulais vous prévenir," dit-elle avec hésitation, "et demander votre aide. Un de mes anciens ennemis, Kronos, est à Paris." Duncan soupira, se dirigea vers le réfrigérateur et y prit un carton de lait. "Voudriez-vous quelque chose à boire?" demanda-t-il alors qu'il se servait un verre. Cassandra secoua la tête, puis réalisa qu'il ne pouvait la voir. "Non," répondit-elle. Il rangea le lait, puis alla s'asseoir dans le canapé. Il lui indiqua de prendre un siège, puis commença à la questionner. "Qui est Kronos?" demanda-t-il. Il se serait plutôt occupé d'elle --et de la situation qu'elle lui amenait-- à un autre moment, mais il était redevable à Ceyrdwinn, et il écouterait donc son élève. "Il est un des Quatre Cavaliers," dit-elle doucement, s'asseyant par devoir en face de lui et croisant ses jambes. "Les Quatre Cavaliers," répéta Duncan, se redressant avec une attention soudaine. Qu'il pleuve ou qu'il neige, pensa-t-il sinistrement. "Vous les connaissez?" Cassandra s'étonna de son soudain intérêt. "Je les connaissais," corrigea-t-elle, détournant son regard. "Je les ai connus il y a deux cent trente ans. J'ai été leur esclave pendant soixante-dix ans," l'informa-t-elle brutalement. L'hostilité de Duncan s'adoucit. "Je suis désolé," dit-il doucement, sachant que ce n'était pas assez. "Pas votre faute," dit-elle inconfortablement. "Ce...n'était pas plaisant. J'étais l'esclave qui ne pouvait mourir," rit-elle amèrement. "Ils m'ont dit que je vivais pour les servir. Comme je ne connaissais rien à propos de l'Immortalité, je les ai crus." La colère de Duncan grandit à l'histoire récitée sans ton aucun par Cassandra. "Après soixante-dix ans de passages à tabac et de viols, j'ai poignardé leur chef et me suis enfuie en Ecosse." Bien que les mots soient prononcés impersonnellement, Duncan pouvait sentir la rage impuissante et la violation derrière eux. "Pourquoi l'Ecosse?" demanda Duncan, curieux et préoccupé malgré son désir antérieur de ne rien avoir à faire avec elle. "Ils ne s'intéressaient pas à l'Ecosse. C'était un pays barbare, qui leur était inutile. C'était sûr." Pour la première fois de son conte, Cassandra semblait heureuse. L'Ecosse l'avait remplie de bons souvenirs. "Ceyrdwinn m'a trouvée et m'a appris ce que j'étais. Elle m'a entraînée. Plus que ça, elle me rendit à moi-même. Elle m'a aidé à travers les cauchemars, les dépressions. Elle était celle qui m'a convaincu que ce qui était arrivé n'était pas ma faute. Et elle était celle qui m'a parlé de vous." Cassandra sourit à Duncan comme elle dit cela. "Pourquoi moi?" s'enquit Duncan, pris dans l'histoire. Il était charmé par son affection ouverte pour son professeur, une de ses bonnes amies. "Elle disait que vous étiez un des gentils. Si j'avais besoin d'aide et ne pouvait la joindre, je devrais venir à vous. Duncan, j'ai besoin d'aide," admit-elle, soutenant fermement son regard. "Ceyrdwinn est partie, je n'ai aucun moyen de la trouver, et la pensée de prendre n'importe lequel des Quatre Cavaliers seule est terrifiante -- et je suis presque sûre que Kronos n'est pas seul. Je sais qu'au moins un de ses Œfrères' a travaillé ici à Paris, et je ne doute pas que les deux autres soient également dans les environs. Ne me faites pas faire cela seule, Duncan, je vous en prie." Duncan hocha immédiatement la tête. La laisser faire face à cela seule n'était pas une option, et pas simplement par amitié pour son professeur. "A quoi ressemble ce Kronos?" demanda Duncan. Cassandra soupira de soulagement. "Cheveux châtain foncé, trapu. La chose la plus marquante chez lui est la cicatrice le long de sa joue droite." Les poings de Duncan se serrèrent alors qu'il reconnaissait la description. "Melvin Koren," identifia-t-il tout haut. "Quoi?" s'enquit Cassandra, ne comprenant pas la référence. "Je l'ai connu comme Melvin Koren dans les années mille huit cents," expliqua Duncan. "Je l'ai revu cet après-midi avec Adam Pierson, mais nous étions sur Terre Sainte." Cassandra éprouva du mal à respirer en entendant ces mots. Ils étaient plus proches qu'elle ne pensait. "Adam..." répéta-t-elle, puis s'arrêta. La demande non prononcée flottait entre eux. "A peu près ma taille, cheveux bruns, silhouette mince, des yeux châtain..." Duncan le décrit, étudiant sa réaction. "Methos," grogna Cassandra, les yeux rétrécis, et elle frissonna avec l'intensité de sa haine pour son ancien maître. Duncan s'étonna qu'elle connaisse sa vraie identité. Mais c'était logique si elle avait été son esclave pendant soixante-dix ans. Duncan se leva et commença à marcher de long en large, ayant besoin d'un défouloir pour la violence de ses émotions. Il ne voulait pas penser à Methos pour l'instant. Il ne voulait même pas se rappeler la douleur de la trahison. Il n'était même pas sûr de ce qui faisait le plus mal, que l'homme qu'il croyait son ami lui ait menti --l'ait trahi-- ou que Methos, le mythique plus vieil Immortel, soit un des Cavaliers. Il ne pouvait se faire à cette idée. Methos était censé être sage, comme Darius. Pas un monstre. Pas un des Cavaliers. Il secoua violemment la tête. "Il l'est," cria Cassandra, mal interprétant sa réponse comme une dénégation. "Methos m'a tuée, m'a faite esclave. *Il* était de ceux qui m'ont dit que je vivrais parce qu'il le voulait. Il m'a fait l'aimer, puis m'a trahie. J'ai pensé que peut-être il était différent, que peut-être avait-il des sentiments. J'ai pensé qu'il me protégerait. J'ai été stupide. Il est l'un d'*eux*, Duncan. Crois-moi. Il n'est pas un vieux sage. Il est un meurtrier." "Je te crois," dit Duncan, désolé. ŒPeut-être était-il différent. Peut-être avait-il des sentiments.' Methos avait donné l'impression d'avoir des sentiments. Ils avaient été amis, ou tout du moins c'était ce qu'avait pensé Duncan, et pourtant il était l'un d'*eux*. Il se rappela le sombre sourire, le sadisme non habituel de Methos à l'église. L'ai-je jamais vraiment connu? se demanda Duncan. Est-ce que tout était un jeu? N'y avait-il *rien* eu d'honnête? Il se sentait ralenti, gelé. Si Methos était l'un d'eux, il était aussi coupable que les autres. Les Cavaliers était une menace, et ils devaient être arrêtés. Methos également. Ils n'étaient pas amis, et ne l'avaient apparemment jamais été. "Nous les arrêterons," déclara Duncan, inconscient de combien sa voix sonnait sinistre et morte. Cassandra le regarda avec inquiétude, mais ne fit aucun commentaire, ce pour quoi il lui fut reconnaissant. "Le coeur et la tête," dit-elle doucement, fixant ses mains. "Quoi?" Même sa curiosité semblait trouble et éloignée. "Kronos, le coeur, et Methos, la tête. Ils mourront tous les deux," déclara férocement Cassandra. "Oui," acquiesça solennellement Duncan. "Ils mourront tous les deux." ----------------------- Fin de la partie 8/10 ----------------------- Ils chassèrent toute la journée, mais ne trouvèrent aucun signe des Quatre Cavaliers. Ils s'étaient évanouis, aussi élusivement que le brouillard. Frustrés, Duncan et Cassandra retournèrent à la péniche. "Nous les trouverons," la consola Duncan. "Nous les arrêterons." Cassandra se laissa être attirée dans son étreinte. "Oui," acquiesça-t-elle, se reposant contre la force offerte. Elle avait si rarement le luxe de pouvoir reposer sur quelqu'un. "Viens au lit," invita doucement Duncan. "Nous devons nous reposer si nous voulons avoir la moindre chance de les trouver demain." Cassandra hocha la tête et le laissa l'emmener. Elle resta couchée, éveillée, bien après que Duncan ne se soit endormi, réfléchissant. Le soulagement de la nuit l'avait évitée, et elle se leva silencieusement. Si elle ne pouvait pas dormir, elle pourrait au moins être productive. Elle se déplaça lentement à travers la sombre péniche vers l'endroit où reposaient ses sacs. Elle chercha aveuglément son téléphone portable. Elle composa le numéro du détective privé qu'elle avait engagé, espérant qu'il lui pardonnerait l'heure tardive. "Allo?" marmonna une voix troublée. "M. Rosetti? C'est Sara Cass. Je suis désolée pour l'heure tardive, amis je me demandais si vous aviez des informations pour moi." Cassandra gardait un oeil dans la direction de Duncan alors qu'elle parlait doucement. Elle n'avait pas besoin de le réveiller de son sommeil bien mérité. "Et bien, Melle Cass, comme par un fait exprès, c'est effectivement le cas," répondit-il, semblant plus alerte. "Je comptais vous appeler demain si on me confirmait l'information." "Quoi que vous ayez, M. Rosetti," ordonna Cassandra. "Une adresse. Une adresse éventuelle, de toute façon," précisa Gérald Rosetti. Cassandra fouilla encore ses sacs pour un bloc-notes et un crayon. Elle se leva silencieusement et alla s'asseoir sur le canapé. "Quelle est cette éventuelle adresse?" demanda-t-elle, puis copia la réponse. Elle le remercia, puis raccrocha. Cassandra déchira le papier et retourna vers le lit, laissant le bloc-notes et le crayon près du canapé dans sa hâte. Elle s'habilla rapidement, mais silencieusement. Elle ne prévoyait de rien faire pour le moment, seulement enquêter sur l'endroit. Elle ne pouvait certainement pas dormir maintenant. Elle verrait ce qu'elle découvrirait, puis viendrait réveiller Duncan pour qu'il l'aide à s'occuper d'eux. Elle n'avait aucunement l'intention d'être vue; elle ne se ferait pas attraper. Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. **** Dans la jeune et silencieuse nuit, les Quatre Cavaliers se débarrassèrent de leurs alter-egos du monde réel. Avec une facilité nonchalante, ils abandonnèrent les contraintes qui les cachaient au milieu des masses grouillantes d'humains, et laissèrent émerger une force terrifiante, destructrice, élémentaire. Des masques de bronze aux détails emmêlés cachaient des visages noircis, des grimaces alarmantes gelées sur le métal. Une armure noire allait en dessous des traditionnelles larges tuniques --blanche pour Methos, noires pour les autres-- qui tombaient jusqu'à leurs genoux, et ceinturées de fermoirs de bronze qui correspondaient aux déconcertants spectres des masques. Kronos ricana derrière la familiarité confortante du masque. "Prêt, Methos?" demanda-t-il. "Oui, mon frère. Es-tu sûr que tes contacts sont dignes de confiance?" Methos se forçait à se concentrer, ignorant la préoccupation tendue qui l'avait distrait depuis cet après-midi. MacLeod. Methos s'était attaché, savait-il. C'était une erreur, cela aussi il le savait. Il avait perdu son plaisir à la manipulation, avait perdu le désir de la rendre complète. Si le choix lui était donné, il laisserait le Highlander en paix, mais il était trop tard. Kronos se rendrait sûr qu'il soit trop tard. Bannissant ces pensées, Methos se concentra sur son frère; des pensées errantes étaient un bon moyen pour éveiller la colère mortelle de Kronos. "A peine," rétorqua Kronos, un dangereux accent dans sa voix. Methos se demandait si son frère suspectait ses pensées. Il l'étudia avec attention, content que le masque cache son visage. Kronos eut un geste flamboyant. "Bien sûr que je ne peux leur faire confiance," l'informa Kronos, "mais ils n'oseront pas me doubler. Une fois que j'aurai ce virus, nous amènerons une terreur telle que le monde n'en a jamais connue." Methos rit sombrement, pris par l'enthousiasme de son frère. "Quel dommage que nous ne puissions t'accompagner," suggéra-t-il. Kronos secoua fermement la tête. "Autant que j'apprécierai ta présence, mon frère, ils ne feraient pas affaire avec moi si tu étais là. J'ai besoin de toi pour t'occuper de SimCyber. Ces nouvelles puces d'ordinateurs sont essentielles. Et cela *fait* un long moment que Caspian ne s'est pas amusé." Le cannibale sadique ricana cruellement de là où il était méticuleusement en train de réaffûter son épée et son poignard. "*Bien* trop long, mon frère," acquiesça-t-il. Methos fronça le nez de dégoût. "Chacun son truc." Il haussa les épaules. Maintenant n'était pas le temps d'éveiller de l'animosité entre lui et Caspian, seconde seulement après l'animosité entre Silas et Caspian. "Je ne sais pas combien de temps durera ce rendez-vous," dit Kronos à Methos. "Je m'attends à ce que tu sois de retour avant moi. Attends ici. Je veux que la prochaine étape soit démarrée dès que je reviens, et j'ai besoin de vous tous pour cela." Methos hocha vivement la tête, puis indiqua à Silas et Caspian de le suivre. Kronos les regarda partir, puis se prépara pour son rendez-vous. Ca allait être une nuit productive. Methos détourna la sécurité du bâtiment sous l'oeil impatient de Caspian, bien conscient que Caspian préférait la force et la brutalité à la subtilité. Methos refusa de le laisser enfoncer la porte, cependant, comme ils ne voulaient pas attirer l'attention *pour l'instant*. Les gardes et autres mesures restantes de sécurité furent neutralisés avec facilité. Methos remarqua que Caspian, prévisiblement, avait gardé deux gardes vivants pour...s'amuser. "Les puces d'abord," ordonna Methos. Caspian grogna en anticipation et Silas ricana. Les deux hommes firent le guet comme Methos retiraient les puces prototypes du coffre. "Silas et moi emmenons ceci à la voiture," Methos informa Caspian. "Fais ce que tu as prévu de faire vite, puis rejoins-nous à la base. Kronos ne sera pas content si quelqu'un est en retard." Caspian fit un geste absent d'acquiescement, puis se retourna vers les deux captifs. Son sourire devint véritablement mauvais et ils se recroquevillèrent loin de lui. Methos fit un signe de tête vers la porte, et Silas le précéda. **** Cassandra remarqua l'arrivée des deux premiers Cavaliers, mais fit attention à rester hors de distance sensible. Jackpot, pensa-t-elle triomphalement. **** Duncan MacLeod se réveilla seul dans son lit. Un regard rapide à l'horloge montra qu'il n'était que peu après minuit, et Cassandra n'était pas dans les environs. Il se leva, inquiet de savoir où Cassandra était partie. Elle ne pensait --et c'était bien compréhensible-- pas clairement quand il s'agissait des Cavaliers. Si elle avait des problèmes... Il alluma les lumières et rechercha dans la pièce un signe d'où elle était allée. Le bloc-notes à côté du canapé retint son attention; il n'était pas à lui, et ce n'était pas là quand ils étaient allés se coucher. Il se dépêcha de le ramasser. De vagues impressions avaient été faites dans le papier, et ils fouilla ses tiroirs à la recherche d'un crayon de papier. Il le passa doucement sur la feuille de papier, et fut récompensé par une adresse écrite de la main de Cassandra. Elle était là, il en était sûr, et où elle était étaient les Cavaliers. **** Caspian était presque de retour à la base quand il sentit la signature d'un autre Immortel. Il ralentit sa moto et regarda alentours avec impatience. Un bon combat rendrait cette nuit parfaite. Il aurait du être de retour depuis longtemps, mais Kronos lui pardonnerait. C'est ce qu'il faisait toujours. Une voiture sombre venant de sa droite s'arrêta brusquement. L'autre Immortel en sortit et Caspian mit pied à terre. Ils se rencontrèrent au coin de la rue, à six prudents pieds l'un de l'autre. "Je suis Duncan MacLeod du clan MacLeod," se présenta l'étranger. "Le Highlander, oui. Kronos a parlé de toi. Je suis Caspian, le dernier Immortel que tu rencontreras jamais." Il y avait de la reconnaissance dans les yeux de l'homme comme il prenait l'apparence typique du Cavalier Caspian. "J'en doute," retourna Duncan avec un petit sourire. Il se dirigea vers l'allée, déterminé à s'occuper de cette menace tant qu'il le pouvait, tant que Caspian n'avait aucun allié. Le combat fut court et sanglant. Le style au coutelas et au poignard de Caspian s'abattit contre le talent durement gagné de Duncan avec le katana. Le talent de Duncan s'avéra supérieur, et il finit Caspian d'un mouvement sec. Duncan se raidit, épuisé, comme l'énorme Quickening lacéra le ciel, illuminant le monde d'une furie révélatrice. **** Cassandra remarqua le Quickening, et alla s'en enquérir. Aussi près du repaire des Cavaliers, peut-être l'un d'entre eux était-il le tueur. Dans ce cas, il serait spécialement vulnérable après le Quickening. C'était une trop bonne opportunité pour qu'elle la rate. **** A l'intérieur du bâtiment, Methos et Silas prirent aussi conscience du Quickening. "Allons," ordonna Methos, attrapant son manteau et son épée. Silas le suivit avec obéissance. Un Quickening aussi près -- on devait s'en inquiéter. Trois pâtés de maisons plus loin, ils furent arrêtés par la présence d'un autre Immortel. Il entendit de légers pas pressés, et remarqua une fine silhouette féminine s'enfuyant. Sans réfléchir, il la suivit. Il savait instinctivement que Silas resterait bien sur ses talons pendant qu'il accélèrerait et lui couperait la route. Lui et Silas avaient chassé de cette façon de nombreuses fois et n'avaient plus besoin d'en discuter. Il coupa la route de la mystérieuse femme au début d'une allée. Silas arriva pour en bloquer l'autre bout. Dans la lumière lunaire brillante, illuminante, il put distinguer ses traits. Cassandra. ----------------------- Fin de la partie 9/10 ----------------------- Duncan s'éloigna de là où il avait laissé le corps de Caspian. Il s'attendait à ce que quelqu'un vienne enquêter, et il n'avait pas prévu d'être dans les environs quand il arriverait. Tant qu'ils étaient partis, il pouvait sûrement épier la base et peut-être réussir à poser quelques pièges. Il arriva à l'entrepôt peu visible, mais ne sentit aucun Immortel. Pour l'instant, tout allait bien. Il avança, mais avant qu'il n'atteigne la porte, le frisson électrique d'un autre Immortel l'avait alarmé. Il se retourna, en colère après sa chance et espérant qu'il n'y en ait qu'un. C'était le cas. Un grave ricanement l'accueillit. "Bien, bien, bien, qu'avons-nous là?" demanda rhétoriquement Kronos. "Kronos," cracha Duncan. "En effet. Comme on dit, Highlander, il ne peut en rester qu'un." Duncan tira sinistrement son épée. Il ne savait pas s'il pouvait battre Kronos totalement reposé, et il avait déjà pris Caspian ce soir. Ils se rencontrèrent dans un brutal affrontement de lames. Kronos était bon, mais MacLeod aussi. C'était un des combats les plus serrés qu'aucun ait jamais vécu, et aucun ne savait qui triompherait. **** Silas prit le combat, ce pour quoi Methos fut reconnaissant. Kronos avait raison. C'avait été une erreur de s'attacher à Cassandra. Même maintenant, il ne voulait pas sa tête. Maintenant, elle était une menace. Elle savait ce qu'elle était, elle ne pourrait plus être sûrement faite esclave, et elle était férocement déterminée à les détruire. Elle n'était d'aucune utilité. Elle était un danger. Methos avait horreur du pincement de regret qu'il ressentait de toute façon. A sa propre manière, il avait tenu à elle. Elle était bonne, même contre un géant comme Silas. Ses coups étaient assez écrasants pour que Methos ait des difficultés à le combattre à l'entraînement. Il pouvait voir les bras de Cassandra trembler d'épuisement, et pourtant elle refusait d'abandonner. Il admirait ce courage. Cassandra savait que sa situation était désespérée. Elle ne pouvait plus bloquer les coups de Silas. Elle joua sa dernière carte, et utilisa la Voix. "TU ES FATIGUE," ordonna-t-elle. La lame de Silas s'abaissa et elle réussit à le couper superficiellement le long des côtes avant qu'il ne se remette en garde. "TON EPEE EST TROP LOURDE A SOULEVER." Silas n'avait pas l'intelligence pour bloquer sa Voix, même s'il avait l'immunité naturelle de son âge. Son épée s'abaissa à nouveau, et elle parvint à le couper une deuxième fois. Elle avait l'espoir de gagner, si elle pouvait simplement tuer Silas, et ensuite courir hors de portée du Quickening. Quand Methos serait à terre à cause du Quickening de Silas, elle pourrait le tuer, puis s'occuper des deux autres avec MacLeod. Ses espoirs s'évanouirent quand la voix de Methos s'éleva, bloquant son influence. L'amour et la confiance de Silas en son frère étaient absolus. Avec les mots calmes de colère de Methos soutenant Silas, elle ne pouvait d'aucune façon utiliser la Voix. Elle changea de cible, essayant d'éviter l'épée de Silas. "PARS, METHOS." Il rit. "Tes jeux de voix ne marchent pas avec moi, Sorcière." Elle cria de désespoir, presque à la fin de son endurance, et chercha dans l'allée un moyen d'avoir l'avantage sur Silas. Un tas de cageots lui donna une idée. Elle laissa Silas la conduire au même niveau que les cageots. Elle les escalada alors que Methos criait un avertissement à Silas contre sa traîtrise. Elle donna un coup à un des cageots vers Silas. Il essaya avec futilité de le détourner avec son épée. Elle sauta comme il était distrait par le cageot. Il la vit venir, et ses yeux s'agrandirent de terreur puérile. Son épée donna le dernier coup alors qu'elle atterrissait doucement sur le sol. Elle commença à courir, consciente que Methos avait deviné son stratagème et faisait de même. Le Quickening se leva tel une vipère mortelle. Il s'entortilla entre les deux silhouettes s'enfuyant pendant un instant, puis s'abattit sur Cassandra. Cela la fit tomber au sol, la vidant et l'énergisant à la fois. **** Cinq pâtés de maisons plus loin, deux silhouettes firent une pause durant leur lutte à mort pour observer le deuxième ancien Quickening délivré dans la nuit. Avec un grognement bestial de furie, les deux se jetèrent à nouveau l'un sur l'autre. "Tu perds, Kronos," ricana Duncan. "Caspian est mort. Je suis sûr qu'un de tes frères vient de le rejoindre en enfer. Vous ne serez plus *jamais* quatre." "Non!" cria Kronos, une rage dévastatrice tordant son visage en un brutal masque. Il n'y avait aucune trace de raison ou d'intelligence dans ses yeux alors qu'il attaqua. MacLeod se battit avec une volonté de fer et un talent presque parfait. Il ne pouvait échouer, trop de choses dépendaient de lui. Doucement, il tourna le combat à son avantage, comme la rage épuisante de Kronos prenait son dû sur le Cavalier. **** Le cri de rage et de perte de Methos fut étouffé par la furie rageante du Quickening. Des larmes coulèrent négligemment le long de ses joues alors qu'il fixait le corps sans vie de son frère. Le Quickening diminua puis cessa, laissant Cassandra vidée, à genoux. Une rage irréfléchie s'empara de Methos. Silas était mort. Silas était mort. *Silas* était mort. Il démarra avec une sinistre folie, couvrant rapidement la distance entre lui et Cassandra. Elle le vit venir, mais ne put rien faire d'autre que de le fixer avec terreur. Elle essaya de bouger, se mit presque debout, mais il l'arrêta sans aucune pitié. Comme son Quickening s'élevait autour de lui, il hurla sa perte. **** Le ciel derrière Duncan et Kronos s'illumina une fois de plus. Aucun ne leva la tête. Kronos utilisait tout son talent pour garder Duncan à l'écart, et il était en train de perdre. Sa rage première lui en avait coûté, et il se battait fermement pour garder le katana de MacLeod loin de son vulnérable cou. Il grogna, refusant d'admettre la défaite, peu importe à quel point elle semblait proche. Duncan fit encore une fois jouer son avantage et l'épée tomba de la main de Kronos. Duncan écarta vivement l'épée par réflexe, puis stoppa la folie. Le corps commença à rayonner et Duncan se raidit face à l'inévitable. **** Methos se mit prudemment debout, sa force lui revenant rapidement. Son regard fut attiré vers les hauteurs comme il vit les derniers effets subsistant d'un Quickening monumental. Une peur froide l'envahit, et il retourna avec grande hâte vers la base. Le corps de Kronos frappa ses yeux. Duncan se tenait appuyé contre l'entrepôt, l'observant avec suspicion. "MacLeod," déclara Methos d'un ton vidé. "Methos," reconnut MacLeod. La rage de Methos augmentaà la vision du corps de son frère déchu. "Silas, mort par la main de la Sorcière," cracha-t-il. "Kronos, mort par ta main. Et Caspian? Qu'en est-il de lui?" demanda Methos, de la folie et du chagrin dans les yeux. "Mort," répondit Duncan sans aucune émotion. "Morts," répondit Methos. "Tous morts. Aussi morts que Cassandra." Il rit hystériquement, une furie dérangée déformant son visage. "Aussi mort que toi," ajouta-t-il, puis il attaqua. Duncan se battit pour sa vie, mais ses deux combats précédents et leurs Quickenings successifs l'avaient vidé. Methos n'était pas un novice au combat. Il était à son mieux, il était frais, et il *voulait* cette victoire. Malgré son talent, Duncan était bientôt sur la défensive. Il faisait tourner son katana en une mortelle tâche floue, mais il savait qu'il ne se battait pas aussi bien qu'il aurait pu. Methos enleva brutalement l'épée de MacLeod de ses mains et amena la claymore à son cou. Methos affermit sa prise sur l'épée, son désir de tuer se mêlant à d'autres émotions qui se tordaient sous la surface. Toutes ses émotions étaient décalées, étouffées. Il pressa légèrement en avant, faisant couler le sang. MacLeod avait tué Kronos, il avait tué ce bâtard de Caspian, mais Methos ne voulait pas le voir mort. Cette rage était partie, épurée par le combat. La vue de MacLeod, agenouillé et à sa merci, n'élevait aucune folie meurtrière. Kronos voudrait voir MacLeod mort; il exigerait son prix en sang. Mais Methos n'était pas Kronos. Il se sentait usé, les années l'écrasant soudainement. La vengeance n'avait jamais été son grand amour, et il en avait assez de la mort, assez du sang. Sa fraternité était perdue, et il n'avait plus aucune envie de continuer seul. Il n'avait plus aucun rôle à jouer. Il n'était encore plus rien. Il n'y a pas de raison, pensa-t-il avec un désolement sinistre. Pendant cinq mille ans, il s'était adapté. Il s'adapterait encore. C'était sa nature. Avec un pleur inhumain de perte, il retira l'épée et s'évanouit dans la nuit, laissant derrière le Highlander stupéfié. Il apparut brièvement à Methos que ce que Kronos avait été, MacLeod pourrait le devenir -- il pourrait faire MacLeod le devenir. Il n'accorda presque aucune considération à cette pensée alors qu'il errait dans les rues de nuit. Le prix était trop élevé, il le savait. Plus jamais. Cette terrible solitude à la dérive ne valait pas les rêves de pouvoir. C'était stupide; il devrait maintenant savoir que rien ne venait des rêves, que de la douleur et des cauchemars. Kronos était partie, Silas était parti, même Caspian, et Methos en avait assez de la mort et du sang. MacLeod avait pris le coeur en tuant Kronos; il avait arraché l'âme de Methos. Methos n'avait plus aucune volonté de contrôler le monde, et plus aucun désir. Il était vide. C'était la fin. Comme chaque autre fois où sa vie avait été réduite à néant, il évoluerait. Il survivrait. Vivrait? Non, mais il survivrait. **** Duncan fixa la silhouette s'éloignant en une stupéfaite confusion. De la pitié de la part du Diable. De la Mort. C'était impensable. Si leurs positions avaient été inversées, il n'aurait pas permis à Methos de vivre. Kronos n'aurait sûrement permis aucune pitié. Quoi que ce soit d'autre que Methos soit, il était l'un d'*eux*: une force de la nature inchangeante, destructrice et malicieuse. Et désormais ils étaient morts, sauf un. MacLeod se releva lentement. Il fixa pensivement la direction que Methos avait prise, puis se retourna et partit. Ils pourraient de nouveau se rencontrer, ou non. Mais s'ils le faisaient, ce ne serait pas Duncan qui frapperait le premier coup. ~End~ ------------------------ Fin de la partie 10/10 ------------------------