INSTANTS DE VOYAGE


Introduction  |   Petits déjeuners  |   Transports  |   Rencontres et personnages
Soirée ou repas "spéciaux"  |   Les p'tites crises de M'man  |   Astuces motardes  |   Mes machines



Transports

Le voyage, c'est en bonne partie du déplacement. Et lorsqu'on n'opte pas pour la version "car climatisé avec bar, toilettes et guide parlant français", on se retrouve parfois dans des situations pittoresques à la limite du périlleux. Quelques exemples, certains de très bons souvenirs, d'autres moins - en tous cas pour nos postérieurs.


Suzhou (Chine)
Sans doute par économie de carburant, les péniches et les barges qui relient Suzhou à Hangzou, dans la région de Shangaï, naviguent en convoi d'une bonne dizaine d'embarcations, véritable train flottant tracté par la première. Nous étions entassés dans des cabines minuscules et insalubres, fort occupés à taper le carton avec des Chinois hilares en maillot de corps, crasseux comme dans un film de gangster des années 30. Soudain, en pleine nuit, grand chamboulement, tassement du convoi... Le bateau de tête, incapable de freiner ou de contourner avec tout ce qu'il tirait, était carrément passé par-dessus une énorme barge en travers du canal. On s'attendait à la voir couler, mais ils doivent avoir l'habitude car, comme de nombreux autres bateaux sur cette voie très fréquentée, sa coque était prise dans une gangue protectrice de ciment, si solide qu'elle a résisté à un tel abordage !




Parc d'Urewera (Nouvelle-Zélande)
Sur l'atlas, une belle nationale. Dans les faits, une piste en "tôle ondulée" gravillonnée qui faisait déraper le camping-car à chaque virage pourtant abordé à basse vitesse, et danser la java aux ustensiles de cuisine dans les tiroirs qui montraient des velléités d'indépendance. A mi-chemin, on a rejoint un observa-
-toire en surplomb sur la forêt de kauris. Le gravier avait cédé la place à une côte en boue argileuse où notre petit camion n'était vraiment pas à l'aise. Nous progressions centimètre par centimètre craignant à tout moment de nous embourber. Finalement, nous avons réveillé en lui un potentiel de 4x4 qu'il ne soupçonnait pas, et tout s'est bien passé - comme le reste du voyage en Nouvelle-Zélande. Quant à notre camping-car, nous avons appris depuis qu'il tentait le Dakar en candidat libre, souhaitons-lui bonne chance ! ;-)


Cork (Irlande)
L'un des bed & breakfast s'était révélé être un ancien manoir un peu délabré, en lisière d'une forêt propice aux légendes celtiques. Il y avait des écuries et nous avons demandé à faire une promenade. A ceci près qu'il ne s'agissait point de chevaux de centre équestre, mais de chasse à courre ! La chasse au renard se pratique toujours dans la région, les montures sont à la hauteur. Je me suis retrouvé juché sur un immense étalon très nerveux et, accompagné de la fille de nos hôtes, cavalière émérite, nous avons galopé à bride abattue entre les chênes centenaires, le sol couvert d'une brume féerique... un souvenir inoubliable. Ce doit l'être aussi, de façon certes moins agréable, pour Gaby qui montait pour la première fois ce jour là et dont la jument, entichée de mon étalon, voulait absolument essayer de le rattraper, malmenant son pauvre cavalier qui se cramponnait comme il pouvait...


Mysore/Goa (Inde)
Pour descendre de Mysore à Goa nous avons voulu prendre le train. Mais tout était complet. Restait donc la solution bus. Again... Ce qui ne pose guère de problème pour un trajet de quelques heures nous emballait peu pour toute une nuit de voyage, mais bon. Pour une fois, le bus avait un vrai moteur et de la reprise. Manque de bol, le chauffeur aussi. Il faut le dire, on a rarement eu aussi peur (et les autres passagers également). En pleine nuit, sur une piste de montagne évidemment sans éclairage, il fonçait au mépris le plus total des autres véhicules, piétons, charrettes, animaux divers...
Ne supportant plus notre place à l'avant (avec le risque constant d'être projeté au travers du pare-brise), nous nous sommes réfugiés au fond en essayant vainement de somnoler malgré les dérapages et les violentes secousses. Ce qui devait arriver arriva : notre bus a percuté un cycliste de plein fouet, le tuant sans doute. Bus et chauffeurs sont restés sur place, attendant les autorités, tandis que nous rejoignions une gare routière dans un transport local...
La suite est à découvrir dans le chapitre "Les petites crises de maman" ;-)


Région de Bilbao (Espagne)
Peu après la frontière française, profitant d'une belle éclaircie, dans un paysage vallonné et verdoyant, une route impeccable déploie ses lacets langoureux sous les roues de la moto. C'est tout simple, il n'y a rien de spécial mais c'était quand même un sacré pied. Le seul souci étant de ne pas trop faire frotter les valises et les repose-pied dans les courbes.



Kanyakumari (Inde)
En se rendant à ce village de la pointe de l'extrême sud de l'Inde, la route était particulièrement défoncée. Avec les "nids d'autruche" et les ralentisseurs éléphantesques les suspensions quadragénaires du bus étaient terriblement malmenées. Nous étions sur la banquette tout à l'arrière, et... ça secouait. On sait pourtant qu'il faut toujours prendre place aussi près que possible de l'essieu avant pour minimiser les cahots, mais on n'a pas toujours le choix. Et pourtant, on arrive à pioncer. En tous cas les Indiens et moi, on y arrive, na. Mais je me souviendrai longtemps d'un stupéfiant réveil en apesanteur suite à un véritable décollage du bus sur une énorme bosse. Mon voisin qui devait peser à peine plus du tiers de mon poids doit s'en souvenir aussi, car l'atterrissage s'est fait sur ses genoux...


Djerba (Tunisie)
Dans le cadre d'un voyage scolaire, nous avons eu l'occasion de faire un tour à dos de dromadaire. Sans faire mon blasé, le dromadaire, ça va un moment, mais je connaissais. J'ai donc plutôt opté pour une balade à cheval, et elle restera dans les meilleures que j'ai pu faire. Nous n'étions que quatre en plus du guide, un couple d'Allemands bons cavaliers et une écuyère semi pro en manque d'équitation et qui montait à cru. Galopade à bride abattue au bord de mer, dans les gerbes d'écumes et le soleil couchant, une vraie carte postale...


Col des Nuages (Vietnam)
Le taxi que nous avions pris pour passer le Col des Nuages (sous un soleil radieux d'ailleurs) était un peu hors d'usage et est tombé en panne au sommet du col, mais pas plus que le camion qui s'y trouvait déjà, son moteur démonté et éparpillé en pièces détachées sur la chaussée. Pour se changer de leur problème visiblement durable, ses mécanos intégralement couverts de cambouis nous ont donné un coup de main et le taxi a fini par redémarrer. Pour rattraper son retard, notre chauffeur a roulé encore plus vite et mal, à fond dans la descente, doublant dans les virages sans la moindre visibilité. Mais à l'arrivée, plage superbe et déserte sur le Pacifique, avant de découvrir l'émouvante Huê...


Nevada (USA)
La devise de ce voyage à travers l'ouest américain : "on s'en fout on a un 4x4". Pas de route ? Pas grave. Plus de piste ? Pas grave. Euh, en fait on est dans le lit d'une rivière à sec ? Pas grave. Un bon petit Chevrolet Blazer, les tentes dans le coffre et assez de nourriture, d'eau et d'essence pour quelques jours, la boussole et la carte pour seuls repères... trop d'la balle ! Jusqu'au moment où un panneau interdit d'aller plus loin pour cause d'effondrement de terrain. Bof ! On continue quand même ! Puis on croise un autre 4x4 dont le conducteur nous avertit dans un mauvais anglais qu'on ne peut vraiment pas aller plus loin. Vous êtes Français ? demandons-nous. Oui ! Evidemment. Il n'y a que les Français pour passer outre les panneaux d'interdiction en plein désert...
Une fois la piste suffisamment plane pour rouler vers les 80 km/h, la vitesse standard sur la "tôle ondulée", on a eu la surprise de descendre dans une dépression soudaine et d'en sortir en vol plané ! Très rigolo pour le conducteur, beaucoup moins pour les suspensions et les passagers qui se sont retrouvés tout mélangés avec les bagages et les provisions...
Roulant à 3 km/h pour chercher un emplacement où monter la tente dans un parc national, Nicolas (douze ans à l'époque) s'amuse à grimper sur le toit pour surveiller les environs. Deux minutes plus tard, arrive une Ranger indignée, sans doute alertée par un campeur délateur, qui nous arrête et déclare avec sévérité : "Les enfants ne doivent pas voyager sur le toit des véhicules". On a fait descendre Nicolas tout de suite en s'excusant profusément... et en essayant de lui expliquer qu'évidemment on ne faisait pas toute la route comme ça.



Vung Tau (Vietnam)
Pour aller de Saïgon au Cap Saint Jacques, nous avons voyagé dans un impressionnant aéroglisseur soviétique des années 50, un engin comme on n'en avait encore jamais vu... et plus jamais depuis. Il avait une vague forme de Canadair rouillé, avec des moignons d'ailes et se propulsait avec ses monumentales hélices dans un bruit de tonnerre et des vibrations d'enfer au ras du fleuve Dong Nai.


Jaipur (Inde)
45°C sans ombre et ça montait pour rejoindre le palais d'Amber aux portes du Rajasthan. Dans un accès de feignantise et surtout parce qu'on a eu envie d'essayer, on a accepté l'offre ultra-touristique de faire la grimpette à dos d'éléphant. Enfin une monture à ma taille ! s'est écrié Frédéric qui s'est installé à califourchon sur le palanquin au lieu d'être en amazone, ce qui a fait beaucoup rire le cornac et ses copains.


Entre Kyoto et Tokyo (Japon)
rien de plus éloignés de nos trajets ferroviaires habituels que ceux du Japon, d'ailleurs le pays le plus propre du monde. A peine plus d'une heure pour couvrir environ 350 kilomètres en grand confort, avec plein de petites attentions : les sièges design avec des oreilles de Mickey se retournent pour être toujours dans le sens de la marche, des hôtesses attentionnées passent ave force courbettes et plus de disponibilité que dans les avions. Ah, et les toilettes ! Intégralement robotisées et domotiques où tout se fait par senseurs et détecteurs, et où la lettre à Elise accompagne le déroulement mécanisé du papier soigneusement humidifié et parfumé.


Lima (Perou)
il y en a des choses à dire sur les transports au Pérou ; quelques exemples... pour la route :
- On commence dès Lima, un simple trajet de quelques kilomètres en taxi dans les grandes avenues de la capitale. Rien d'extraordinaire a priori. Mais ce serait sans compter sur un chauffeur sous l'influence d'on ne sait trop quoi, qui passait la quatrième entre deux feux, traversait en biais sans ralentir les carrefours encombrés, et surtout sortait la tête par la portière pour siffler toutes les jolies filles qui passaient, beaucoup plus concentré sur elles que sur la route. On se console en se disant que lui au moins il avait le champ de vision dégagé, contrairement à beaucoup de ses confrères qui collent un énorme autocollant "TAXI" en plein sur le pare-brise.

- Lors d'un trajet en bus quelque part dans une montagne au nord du pays, du genre où on met la nuit pour faire 200 kilomètres entre falaise et ravin, le bus pile soudainement, renversant les caisses de volailles sur nos genoux et réveillant tout le monde en sursaut. Le chauffeur descend, remonte peu après et vient désigner parmi les passagers quelques hommes costauds. Il s'agissait de dégager la route, où gisait sur le toit un 4x4 tout neuf fraîchement tombé du lacet supérieur. Les jeunes mariés qu'il contenait n'étaient pas blessés, bien que choqués. On les a fait monter dans le bus et avons jeté la voiture un peu plus loin, seule façon de libérer le passage. Le chauffeur a fait descendre le couple accidenté au panneau d'entrée du premier patelin qu'on a traversé, sans même les emmener jusqu'à une ville ou un hôpital comme on l'aurait fait...
- Autre montagne, point en bus mais en taxi cette fois pour atteindre un site magnifique et par nature fort isolé. Le chauffeur nous semble consciencieux, il estime la distance et met de l'essence en conséquence, dégonfle légèrement les pneus pour gagner en adhérence, et nous nous en entassons dans cette Coccinelle qui semble ne pas manquer de bouteille. Nous atteignons le site sans encombre, c'est au moment de redescendre que la surprise arrive. Panne ou simple économie de carburant ? Toujours est-il que le trajet retour s'est fait... en roue libre. Pas de frein moteur, avec des plaquettes dont on peut légitimement se demander l'état et de toutes façons avec les simples tambours d'une Cocc'... Epique, et franchement terrifiant.
Malbasa (Niger)
Souvenir cuisant d'une balade à dos de dromadaire dans le désert soudain viré au vert après une pluie, sur une superbe selle targui, en compagnie des nomades réfugiés là après la perte de leurs troupeaux. Mal de mer sur le vaisseau du désert et escarres immédiates n'ôtent rien à l'impression d'aventure totale et l'illusion d'avoir fait partie de leur peuple pour un moment.

Pekin (Chine)
Nous nous étions trompés de bus et retrouvés à l'autre bout de la ville... les deux bouts étant très éloignés l'un de l'autre. Déjà en 1993, l'avenue principale faisait 40 kilomètres de long ! On avait un avion à prendre et pas de temps à perdre. Nous avons donc cherché un moto-taxi (les passagers sont assis dans une nacelle à l'avant). Le premier qui nous a sauté dessus était une femme, chose déjà rare, et naine de surcroît. Quand ses collègues ont remarqué la discussion, ils ont rappliqué et négocié avec virulence, mais nous avons tenu bon et sommes partis avec elle. On lui avait fait comprendre qu'on était pressés... on n'aurait pas dû ! Mais on est arrivés à temps... et étonnamment entiers.


Aveyron (France)
Remontée à moto sous un soleil radieux par la superbe autoroute entre Montpellier et Clermont-Ferrand. Virages à gogo, belles échappées sur les paysages verdoyants, couverts de genêts et de coquelicots. En prime on traverse le récent et magnifique viaduc de Millau.


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